Fable contemporaine de Erri de Luca, mise en scène de Thomas Bellorini, avec Brenda Clark, Anahita Gohari, Stanislas Grimbert, Simon Koukissa, Frédéric Lapinsonnière, Adrien Noblet, Céline Ottria, François Pérache, Marc Schapira, Gülay Hacer Toruk, Zsuzsanna Varkonyi et Jo Zeugma.
Thomas Bellorini, après le très réussi "A la périphérie", adapte la pièce d’Erri de Luca, "Le dernier voyage de Sinbad", dont il propose une version pour comédiens, chanteurs et musiciens (et même une acrobate).
Il met en scène avec la plus grande sobriété cet oratorio où il fait avant tout confiance au texte d’Erri de Luca ainsi qu’au talent de ses artistes pour raconter le voyage du capitaine Sinbad et de son équipage cantonné à la cale du bateau pour un périple sombre et cruel. L’accent est mis sur l’équilibre entre voix et musique.
Le texte de l’auteur italien (dont c’est le seul pour le théâtre) s’inspire des Contes des Mille et Une nuits et de l’actualité (notamment le naufrage d’un bateau albanais et sa cale pleine de réfugiés en 1997) pour une fable poétique décrivant le calvaire des migrants et l’âpreté de leurs conditions de transport. La Terre promise ici n’est plus l’Amérique mais une Europe hostile et inhumaine.
Sur scène, les comédiens et musiciens sont répartis sur l’ensemble du plateau surplombé par une plateforme où le capitaine et son second se retrouvent. La poésie s’exprime parfois par un ange (impressionnante Brenda Clark à la voltige aérienne), une réplique du mousse (Adrien Noblet sur une balançoire) ou l’harmonie des voix si diverses.
Un spectacle choral austère et noir mais d’une force indéniable que les jeunes artistes de la Compagnie Gabbiano défendent avec un engagement qui force le respect.
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