La sortie d’un nouveau roman de Philip Pullman est toujours un événement mondial tant il est considéré comme celui ayant donné ses lettres de noblesse à la littérature jeunesse. Il est un formidable conteur, qui donne le goût pour la lecture à de nombreux jeunes, il n’a pas son pareil pour raconter des histoires avec ambition et intelligence pour séduire des publics de tout âge. Il a ce don d’ouvrir la voie à une littérature intergénérationnelle, enchantant les petits comme les plus grands, moi le premier.
Lire un livre de Philip Pullman, c’est tout d’abord prendre un plaisir de lecture immense, c’est aussi retomber un peu en enfance, c’est entrer dans un style épatant fait de dialogues qui sonnent toujours vrais et de descriptions riches et vivantes.
Lire un livre de Philip Pullman, c’est entrer dans son univers, qui associe l’imaginaire et le fantastique, c’est rencontrer des personnages incroyables et des objets extraordinaires.
Lire un livre de Philip Pullman, c’est aussi réfléchir, se poser des questions, s’ouvrir des horizons de réflexion sur des thèmes importants comme la vie, la mort, le pouvoir et la religion.
Il y a 17 ans, Philip Pullman écrivait une trilogie qui allait connaître un immense succès mondial, A la croisée des mondes. Il est de retour, avec une nouvelle trilogie, La Trilogie de la Poussière, dont le premier tome, La Belle Sauvage vient de sortir. Cette nouvelle trilogie, présentée comme un préquel de la trilogie A la croisée des mondes peut néanmoins se lire sans avoir lu la précédente, ce qui est mon cas. La vie sauvage se déroule néanmoins une dizaine d’années avant A la croisée des mondes. Les fidèles lecteurs de Pullman retrouveront donc avec plaisir certains personnages lus dans la trilogie précédente, les autres auront envie d’aller lire A la croisée des monde. Malin le Philip Pulmann et malins les éditions Gallimard qui en profitent pour rééditer un nouveau coffret de la trilogie précédente pour Noël.
La Belle Sauvage nous raconte l’histoire d’un jeune garçon, Malcom, qui a comme passion principale son canoë, la belle sauvage, et qui vit au milieu de sa famille dans une auberge tenue par ses parents nommée la Truite. Cette auberge est fréquentée par de nombreux visiteurs, des voyageurs dont les histoires passionnent le jeune Malcom. Intelligent et courageux, il discute très souvent avec eux et passe aussi beaucoup de temps avec Alice, une jeune employé de l’auberge. Tous ces visiteurs apportent leurs aventures et leur mystère dans ce lieu chaleureux. Certains sont particulièrement intéressés par un bébé nommé Lyra (future héroïne de la trilogie A la croisée des mondes) et son daemon Pantalaimon (la représentation de son âme), gardés par les nonnes du prieuré voisin. Ces visiteurs se demandent qui est cette enfant, pourquoi elle se trouve dans ce prieuré gardée par des nonnes et quel secret elle détient. Pour la sauver, Malcom et Alice vont devoir s’enfuir avec elle. Dans une nature déchaînée, le fragile trio embarque à bord de la belle sauvage, le bien le plus précieux de Malcom.
Le livre est construit en deux parties, de taille à peu près identique, une première partie se passant avant l’embarquement sur la belle sauvage et l’autre après. La première partie a pour but d’installer l’histoire, les lieux et les personnages, de définir en quelque sorte l’univers choisi par l’écrivain. La seconde partie évidemment donne une nouvelle dimension au récit qui devient haletant, fait de révélations et de rebondissements. On y découvre un peu mieux les personnages, notamment celui d’Alice, celle qui accompagne Malcom et Lyra dans l’aventure de la belle sauvage. S’engage dans cette seconde partie une course poursuite fluviale, donnant place à un véritable récit d’aventure où le danger guette à chaque page et où la religion est très présente. Le trio se retrouve dans un monde d’intrigues, d’espionnage et de délations. Malcom va devenir un espion, sous la coupe D’Hannah Relf qui est elle-même rattachée à des services secrets luttant contre le CDC, le conseil de discipline de l’Eglise.
Car oui, c’est autour des questions religieuses que tourne le roman, autour d’une opposition entre un conseil de discipline de l’église et des réfractaires à ces religieux qui veulent décider de tout. C’est aussi l’occasion pour l’auteur de critiquer une chrétienté présentée comme sectaire et dogmatique.
A la fin du livre, évidemment il reste encore de nombreux mystères à éclaircir, nous obligeant à attendre les prochains volumes.
Facile, rythmé et envoutant, intelligent aussi, La Belle Sauvage est un bon livre que l’on savoure page après page, attendant avec impatience le second tome, déjà écrit, qui devrait sortir rapidement.
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