Rien ne prédestinait François-Régis de Guenyveau à devenir écrivain à 28 ans. Et pourtant, étudiant à l’ESSEC puis consultant en stratégie, après avoir travaillé dans le marketing aux quatre coins du monde, il vient de publier son premier roman, Un dissident, en août 2017 aux éditions Albin Michel.

Le livre raconte l’histoire de Christian, enfant unique élevé par des parents aux relations conflictuelles qui, à la suite d’un accident dans la cours de son collège va se replier sur lui-même et développer une intelligence mathématique hors-norme. Lycéen brillant, lauréat du concours général, il est engagé chez Trans K, une firme dirigée par son oncle spécialisée dans la recherche génétique qui a pour ambition de façonner l’homme de demain.

Le problème, c’est que Christian est incapable de communiquer avec les autres, il est incapable d’aimer et de s’amuser. Assez vite, il va remettre en cause la recherche de la perfection humaine. Il va très vite se retrouver partagé entre sa foi sans faille pour la science, son domaine de prédilection, sa détermination à atteindre et à accéder à la perfection humaine via les technologies et ses questionnements sur la nature de notre espèce.

Le roman raconte donc la lente prise de conscience de Christian, en fonction de ses rencontres (notamment celle avec un clochard à New-York), que la science n’est pas tout et qu’elle n’est pas l’horizon unique de l’humanité. Christian va alors prendre une direction qu’il n’imaginait pas, celle d’un dissident.

A travers ce premier roman, Francois-Régis de Guenyveau ne remet pas en cause les progrès scientifiques ; il questionne juste l’idéologie transhumaniste au travers de questions éthiques, cherchant à savoir si les nouvelles technologies nous permettront d’être plus heureux. Ce livre n’est pas un essai, c’est bien un roman, d’anticipation peut-être mais avec une narration et une intrigue. Il se lit facilement même si le sujet pourrait rebuter ceux qui n’aiment pas les romans d’anticipation. Il offre, sous la forme d’un roman, de nombreuses pistes de réflexion sur le transhumanisme et c’est extrêmement intéressant.

Pour écrire ce premier roman, l’auteur s’est beaucoup documenté, délaissant son travail de consultant pendant sept mois. Toutes les innovations décrites dans le livre existent vraiment à l’heure actuelle. Francois-Régis de Guenyveau nous plonge au cœur de la recherche de pointe scientifique, au cœur des grandes universités françaises et américaines. Il nous plonge aussi au cœur de la misère des villes américaines, au milieu des moines du Bronx (à qui il rend hommage à la fin du livre) qui vivent de la charité.

Francois-Régis de Guenyveau nous propose donc un excellent premier roman qui donnera suite, on l’espère à de nouvelles publications.