En ce dimanche très estival, les festivaliers arrivent mollement avant la tête d'affiche Sonic Youth programmé à 23 h 20.
Le soleil et la fatigue les déconcentrent un peu et la formation Boom Bip, guitare-basse-clavier autour d'une batterie métronomique pour une électro new wave à la fois planante et percussive a du mal à retenir leur attention.
Boom Bip Boom Bip, crée par Bryan Charles Hollon, producteur et ex-DJ, mixe en fait les styles pour obtenir une sorte de cocktail post-rock électronique plutôt réussi mais pas forcément aisément accessible et qui laisse penser que son évolution n'est pas encore totalement achevée.
Le concert gagne en densité sonore au fil du set, lorgnant vers le rock progressif de Mogwaï. Le public se réveille soudain pour le morceau "chanté" sur lequel le bassiste pousse queques cris mais ce sera le dernier.
Maximo Park, le groupe de Newcastle, qui s'inscrit dans la lignée des nouveaux groupes de brit rock, est précédé d'un bon buzz médiatique tant autour de son premier album A certain trigger que de ses prestations scéniques.
A Saint Malo, il fait une entrée fracassante avec un premier morceau tout en énergie qui annonce la couleur et finit dans un cri.
Tom English (batterie), Duncan Lloyd (guitare), Archis Tiku (basse) et Lukas Wooller (claviers) constituent un bon combo de pop-rock à l'anglaise qui a trouvé en Paul Smith, dandy flegmatique et électrique, un excellent "frontman". Exalté, gesticulant et sautant en tout sens dans son costume cravate, ce dernier est à l'aise autant dans les ballades un peu mélancoliques ("The coast is always changing", "Graffiti") que dans les morceaux qui dépotent ("Fear of falling") et impose son chant sur les instruments.
Efficace et cohérent, le groupe pourrait bien s'imposer dans sa catégorie.
The Polyphonic Spree
Tous les curieux et les nostalgiques d'Easy Rider et du Larzac de mémé salivaient à l'annonce d'un concert du groupe texan The Polyphonic Spree, groupe créé en 2002 par Tim DeLaughter, qui avait déjà sévi dans les années avec Tripping Daisy, médiocre groupe post-grunge, précédé d'une très bonne réputation de chorale pop symphonique.
Ce n'est qu'après une introduction musicale à la harpe que la lumière se fait sur la scène pour découvrir la tribu de The Polyphonic Spree, vêtue de "robes" turquoise zébrée de rouge faites main par la belle-mère du leader (dixit ce dernier lors de sa conférence de presse), sur fond d'étendard au nom du groupe.
Tim DeLaughter, tel un apôtre se prenant pour un messie, lève les bras et le chœur se dévoile sur une chorégraphie sortie tout droit des années 70 avant d'entamer un répertoire simplissime basé sur des évidences et une cosmogonie naturaliste qui n'est pas sans rappeler les psalmodies de certains groupements n'ayant pas bonne presse.
Entre chorale de patronage et comédie musicale 70's de second ordre, le groupe nous assène des morceaux d'une pop qu'on ne peut même pas qualifier de vintage tant elle paraît ringarde.
C'est trop mièvre, mal chanté et mal interprété pour être considéré comme intéressant et pas assez kitsch pour qu'on puisse le prendre au second degré, notamment après avoir entendu les propos de son maître à chanter lors de sa conférence de presse.
Alors bien sûr, on peut dire que c'est "fun" mais il est vrai qu'on ne partage pas tous le même sens de l'humour. "It's the sun !"Yeah ! Mais ça ne vous rappellerait pas "Tout le monde est beau, tout le monde est gentil" de Jean Yanne ou comment faire du business avec les bons sentiments...des autres?
Comme disait un festivalier : "Il ne manquait plus qu'une conférence de presse de Yoko Ono sur Peace and Love !".
>>> La conférence de presse de Tim DeLaughter
Sonic Youth
Généralement un groupe de rock n'est estampillé comme référence qu'après sa mort (si possible accompagné d'un suicide bien glauque du leader ou autre réjouissance du genre).
En ce qui concerne les Sonic Youth et leur carrière déjà longue de plus de 20 ans cela fait un moment que ce groupe new yorkais plutôt pépère (au sens ou ils ne font que rarement la une des tabloids internationaux) fait autorité dans la musique rock et est connu pour avoir été peu ou proue à l'origine du succès de plus d'un groupe comme, pour ne citer qu'eux, les célèbres Nirvana.
Aussi, et même si ils ont participé ces derniers temps à quelques festivals et notamment Art Rock il y a peu, c'est toujours une grand évènement que de voir Thurston Moore, Lee Ranaldo, Steve Shelley, Kim Gordon et le discret Jim O'Rourke sur nos scènes hexagonales.
Tout d'abord, autant que ce soit dit, il est regrettable que les Sonic Youth n'aient pas disposé d'autant de temps d'antenne que les vétérans des Cure la veille. En effet le set de 1h10 pétante accordée à nos quadra préférés fût un peu court pour qu'ils puissent pleinement se lâcher et nous offrir le show auquel on s'attendait tous, il faut l'avouer.
Néanmoins Thurston Moore ne tarde pas à mettre de l'ambiance en grimpant dès le premier titre sur les montants métalliques soutenant la scène pour aller y frotter sa guitare (aux montants métalliques, pas à la scène, à laquelle il réservera malgré un joli lancé de guitare).
Particulièrement en forme semble-t-il, la sage Kim Gordon dans sa tenue short et paillettes ira même taquiner le public en montant sur les caissons de basses en avant scène tandis que Steve Shelley donnera le rythme aux extravagantes expérimentations sonores de Jim, Lee et Thurston, qui d'un regard se lancent corps et âme dans d'étranges mélopées faites de guitares saturées, de larsen dus à l'utilisation bien peu académique de leurs pédales d'effets combiné à une proximité immédiate de leur immense amplificateur.
Etourdissant, le concert ressemblait en fait plus à un long final d'une heure qu'à un véritable concert mais encore une fois le temps manquait et les Sonic Youth on joué sur l'effet compresseur plus que sur la montée en puissance.
Mais qui pourrait en vouloir au meilleur groupe de rock du monde ? …
Ou alors en vouloir … plus !!! Assurément ! >>> La conférence de presse de Sonic Youth Metric
Difficile de passer après ce raz de marée sonique. Mais les canadiens de Metric n'ont pas froid aux yeux et leur égérie, la 2 ème blonde de la soirée, la très jolie Emily Haines, escarpins roses et classique petite robe noire, mène le set de main de maître.
En effet, si le concert démarre sagement, il monte rapidement en puissance. Très investie dans le jeu de scène, elle prend des poses très cinétiques, danse, saute de manière compulsive, fait du kick boxing (autant satisfaire tout de suite votre curiosité sa petite culotte est noire) devant les festivaliers et se roule sur la scène.
Elle est en lutte ouverte avec le public qu'elle domine sans coup férir avec l'appui de James Shaw (guitare), Joules Scott-Key (batteur) et Josh Winstead (basse) qui assurent une partition sans faille basée sur un pop-rock incisif des tubes imparables ("On a slownight", "Dead disco", "Combat baby").
Quand le set s'achève, la jolie blonde se dresse devant le public un peu sonné sous influence, souriante, les mains sur les hanches, elle savoure, ravie, l'allégeance de ce dernier.
Il est patent que sous ses airs un peu arty, ce groupe manifeste un fort potentiel dont il a su donner une preuve éclatante aujourd'hui après une grosse pointure.
>>> La conférence de presse de Metric Vive la fête Hypnotisé par Sonic Youth, sonné par Métric, le public du Fort de Saint Père va être achevé avec Vive la fête !
Créé par Danny Mommens, ex-bassiste de dEUS et excellent guitariste, et Els Pynoo, ex-mannequin dont la plastique réveillerait même Robert Smith lors d'un concert de The Cure, Vive la fête est né de la rencontre de l'ombre et de la lumière (cf. La conférence de presse de Danny Mommens et Els Pynoos), de la cold wave récupéré par les new fetish et du glamour looké qui a enfanté un groupe électro-clash disent les musicologues avertis ayant déjà 4 albums à son actif.
L'entrée des musiciens soulève les applaudissements de la foule qui redoublent avec l'arrivée d'Els Pynoo.
Il faut reconnaître qu'elle est superbe et que son costume noir, bas résille, short et corset, scotche tout le monde, autant les filles que les garçons. Très à l'aise sur scène, elle bouge comme personne, d'une belle animalité sans vulgarité et d‘une réelle bonne humeur, sorte de Candy échappée d'une manga pour adulte SM, et qu'elle forme un contraste saisissant avec son partenaire brun en pantalon de cuir noir et T shirt en charpie, yeux noirs
A partir d'une formation classique, guitare-batterie-basse-clavier, Vive la fête nous assène un son énorme, sur fond de beat box assourdissante, de guitare et basse asphyxiantes et pourtant la voix d'Els Pynoo aussi fraîche et enfantine que son corps est sexy domine l'ensemble pour nous distiller des chansons bluettes faites de mots qui sonnent bien ("Tous les jours sont jours de fête", "Jolie fille", "Qu'est-ce que tu vois?"
Ils ont de l'humour et s'amusent bien s'amuser sur scène tout en restant très professionnels. Après le set, ils font monter des spectateurs sur scène pour danser et pour jouer de la guitare, Danny Mommens leur montrant même comment faire des accords.
Après cet intermède au demeurant sympathique, le public en redemande et la jolie Els revient pour un rappel composé de reprises "nationales" : "Banana Split" de Lio et "Ça plane pour moi" de Plastic Bertrand qui sont un peu décevants mais tout compte fait prouvent que le groupe s'est forgée une réelle identité musicale. On aime ou on n'aime pas mais sans demie teinte.
>>> La conférence de presse de Vive la fête |