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Virginie Coze   (décembre 2017) 
Virginie Coze a tourné sous forme de documentaire les derniers jours de la vie de sa mère.

Documentaire qui nécessite quelques fonds pour être finalisé et qu'elle a choisi de collecter via Cotizup.

Elle nous en parle en détail dans cet entretien.

 

 


Virginie, on te connaît pour ton projet musical Zlot. Peux-tu te présenter un peu au-delà de ça ?

Je dois avouer que je trouve cela très difficile de se présenter. Qu’est-ce qui définit une personne ? Dans le cas de ce documentaire, l’important est que je suis la fille de Thérèse, sœur de Fred et de David.

Plus largement, je travaille sur différents projets en tant que régisseuse lumière, auteure, comédienne et / ou musicienne. Ce qui m’anime en ce moment est de finaliser le documentaire puis de créer un spectacle autour de lui dans lequel des chansons et des textes viendront ponctuer ce qui est vu.

Présente nous ton projet. Qu'est-ce qui a été déclencheur pour que tu prennes la caméra pour mettre en image les derniers jours de ta maman ?

Je crois que c’est une prise de conscience. Pour remettre dans le contexte, ma mère n’avait plus que quelques mois à vivre, elle ne souhaitait pas aller à l’hôpital et voulait mourir chez elle, quand et comme elle le choisirait. Je me suis installée chez elle et l’ai accompagnée sur ses 2 derniers mois de vie.

J’ai senti que ce que je vivais là avec elle était quelque chose d’unique et de très précieux. Quelque chose que je ne revivrai jamais plus puisque je n’ai qu’une maman.

L’idée première était de sauvegarder ce moment. Je ne voulais pas oublier et comme ma mémoire supporte peu d’information j’ai pensé que filmer était une bonne solution !

Et puis très vite, j’ai voulu faire de cette expérience difficile, quelque chose de beau, d’artistique. L’idée du film documentaire est donc venue assez vite, d’autant que ma mère militait auprès de l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité). J’ai donc filmé, avec son accord, ses 6 derniers jours.

Finalement, profiter de ce que nous vivions pour faire un documentaire sur une fin de vie choisie permettait de rendre hommage aux engagements de ma mère, à ce qu’avait été sa vie, autant que rendre hommage à son humanité et à notre relation.

Ce film, je le fais avec elle.

A ce moment là, tu avais décidé que ce serait un documentaire que tu souhaitais partager et pas un film de souvenirs personnels ?

Ah oui, très clairement. Je voulais que notre expérience puisse aider d’autres personnes. Et puis je trouvais cela tellement fort et beau que je voulais le partager. Je me suis sentie très seule pendant cet accompagnement. Je me disais que si quelqu’un d’autre vivait ça, ça lui ferait sans doute du bien de voir comment ça se passe dans d’autres familles.

Peux-tu raconter ce que contient ce documentaire ?

Des scènes de tous les jours où, étonnamment, on assiste à l’énorme gourmandise de ma mère qui ne nous semblait pas aller avec l’envie d’arrêter de vivre. Beaucoup de scènes où nous la questionnons sur son choix, où nous parlons très ouvertement de tout ce qui concerne sa fin de vie et notre suite sans elle. Il y a beaucoup de moments intenses, tendres et quelques pétages de plombs rigolos aussi. La vie, quoi.

As-tu travaillé en amont en terme de contenu, de montage, d’illustration sonore ? Ou bien est-ce que tout s’est fait dans l’improvisation, selon tes envies de filmer ou non ?

Tout s’est fait au fur et à mesure. La caméra était toujours en place et, en général, je la mettais en route pendant nos repas. Parfois je la laissais filer un bout de l’après-midi, ce qui fait qu’en plus de nos discussions, j’ai filmé quelques moments où ma mère dort. Ou pense… Comme elle écoutait la radio toute la journée, la bande son est directement intégrée.

Vous êtes-vous refusés à montrer certaines choses ? N’as-tu pas peur de partager une intimité forcément forte au travers de ce documentaire ? T’es-tu censurée ?

Globalement pas. Mon souhait le plus grand est de rendre le beau. Désolée si je me répète mais c’est vraiment mon moteur. Alors j’ai, par exemple, évité de laisser les moments où ma mère tousse. Car cela n’apporte pas grand-chose et risque, par contre, de faire mal aux personnes qui assistent à ces scènes. On est loin du voyeurisme et je m’en réjouis. Le propos n’est pas du tout là.

En revanche, nos discussions sont franches et je crois que nous questionnons des choses profondes et universelles. Les quelques personnes qui ont vu le pré-montage m’ont dit que c’était un film très délicat et pudique, malgré la grande intimité qui y règne.

Est-ce que ce film est militant (tu disais que ta maman faisait partie de ADMD) et est-il revendiqué comme tel ?

Oui, comme je l’ai déjà mentionné plus haut, ma maman était militante à l’ADMD. Elle y tenait d’ailleurs régulièrement des stands d’information. De ce fait, en plus de son caractère touchant et intimiste, le film s’inscrit lui aussi dans une démarche militante. Il l’est dans tout ce qui se dit et se vit.

Quant à moi, je suis pour qu’une loi permette à chacun de choisir quand et comment il veut mourir lorsque ces jours sont comptés, mais je ne veux convaincre personne. J’aime la liberté et à ce titre j’aimerais que l’on puisse choisir. Et que ceux qui ne souhaitent rien de particulier puissent aussi le vivre !

Tu as ouvert une cagnotte pour financer ce documentaire. Parle-nous de cela (pourquoi, ce que tu vas en faire, ce qui t’a poussée à le faire, la finalité de cette cagnotte…).

C’est très important pour moi de réaliser ce film de A à Z. J’ai mis en place cette cagnotte car seule je n’ai pas les moyens financiers et techniques nécessaires à sa concrétisation. L’argent récolté me servira globalement à :

  • acheter le matériel nécessaire pour la réalisation du film et du spectacle (ordinateur, logiciels, enceintes, etc.)

  • financer l’hébergement pendant ma formation

  • rémunérer un ingé son et payer un studio pour l’enregistrement des chansons

  • embaucher un créateur lumière, un metteur en scène, un graphiste et quelqu’un qui m’aide à la diffusion de ces deux créations.

J’ai vraiment besoin de soutiens financiers, bien sûr, mais aussi moraux car le sujet traité est évidemment polémique.

C’est un sujet extrêmement sérieux, grave. Que peux-tu dire aux gens pour les convaincre de voir ce film ?

Déjà les rassurer sur un point important : le film évite pas mal d’écueils. Je ne joue pas sur la corde sensible, je n’essaie pas de plaire, de faire pitié, d’attendrir ou autre chose de ce genre. Le fait est que le film est très émouvant mais il n’est pas racoleur.

Je pense qu’il est aussi très porteur. Porteur de sens, bien sûr, et également soutenant. Nous sommes tous dans le même bateau et la plupart des gens qui accompagnent les derniers moments d’un proche vivent ce genre de ressentis. En cela, ce qui se passe au sein de ma famille est ce qui se passe dans le coeur de beaucoup d’autres personnes.

Quel avenir souhaites-tu pour ce documentaire ? (quelle diffusion ?)

J’aimerais que les personnes qui en ont besoin puissent le voir et que, peut-être, son visionnage permette aux politiques de modifier la loi actuellement en vigueur.

J’aimerais qu’il soit grandement diffusé car il parle, de manière bien plus large, d’échange, d’humanité, d’amour, de liens et de la place qu’occupe chacun dans une famille. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de se sentir concerné par le débat de la fin de vie pour l’apprécier.

Je lui souhaite donc de parcourir des festivals de films documentaires, d’entrer dans des petits lieux, de s’ouvrir à la télévision, de fleurir sur les réseaux, d’être vu sur un bateau, et de permettre le débat. Bref, je n’attends rien mais espère beaucoup.

Quels sont tes projets futurs ? Quid de la musique ? Zlot ? Autre ?

Dès que le film sera fini, je m’attellerai avec plus d’énergie à la création du spectacle qui en découle. Pour le moment, j’écris et compose des chansons.

En parallèle, je m’apprête à éditer un livre d’histoires, proche du conte, que j’ai écrites et qui seront illustrées par Giona Sonego, un copain très talentueux avec lequel nous sommes également en train de monter un cabaret dont le thème est le bonheur.

A côté de cela, j’ai toujours mes "débat(s), des ballons" dont le principe repose sur le partage et le débat : je raconte une ou deux histoires puis je propose des questions en lien avec ce qui vient d’être raconté et nous échangeons. Ce sont des moments très agréables et rares car chaque parole est entièrement accueillie. Ce sont des petites bulles de bienveillance et d’écoute qui font grandir chacun.

Je propose aussi des ateliers de clowns et d’expression personnelle. La plupart des projets sont expliqués ici : http://www.regardetmouvement.fr

Mais la plupart seront sans doute en pause le temps de celui-ci.

Qu’as-tu envie d’ajouter, de dire aux gens qui te lisent, à ceux qui pourraient contribuer à la cagnotte ?

Après avoir vu le pré-montage du film, l’avocat auprès duquel j’ai pris quelques conseils m’a dit que ce film peut potentiellement contribuer à faire évoluer les lois. Je le crois aussi.

Je soutiens entièrement l’engagement et la pétition que Nathalie Debernardi a mise sur change.org. Elle est vraiment en train de faire changer les choses puisqu’elle a été auditionnée en début de mois par le CESE qui réfléchit à une proposition de loi.

Avec ce film, j’espère également participer, à ma manière et avec votre aide, à la création prochaine d’une loi bénéfique pour tous.

 
En savoir plus :
La page pour participer au financement du projet
Le Facebook de Décédéé Décidée

David         
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