Comédie de Aziz Chouaki, mise en scène de Jean-Louis Martinelli, avec Christine Citti, Olivier Marchal, Hammou Graïa et Geoffroy Thiébaut.
Ah, on peut dire qu’il est gratiné le Nénesse… Râleur, raciste, homophobe etc… Vivant avec sa Gina qui fait des ménages pour faire vivre le couple.
Et louant à un prix exorbitant à deux sans-papiers, une sorte de container tenant lieu de chambre, sans fenêtre et sans aération.
Avec une langue rythmée, imagée et argotique, Aziz Chouaki fait de "Nénesse" le personnage central d’une fable au vitriol sur la société d’aujourd’hui. Une sorte de pantin hâbleur qui ressasse du matin au soir ses frustrations et ses obsessions. Un personnage grotesque dont les propos pourraient faire aussi bien pleurer.
La réunion dans le même appartement de Nénesse et des deux autres hommes : Aurélien, d’origine russe extrêmement cultivé, et Goran migrant musulman au parler syncopé et brut crée un tourbillon de parole, amer et explosif.
La présence de Gina, qui n’a pas non plus sa langue dans sa poche mais tempère les excès de Nénesse, donne lieu à un véritable moment de théâtre, où chacun vide son sac.
Remarquablement mis en scène par Jean-Louis Martinelli, "Nénesse" offre un rôle en or à Olivier Marchal, bouffon tragique à l’aigre faconde d’une farce amère dont on pressent qu’il ne se sauvera pas.
A ses côtés, Christine Citti est une solide et émouvante Gina, Geoffroy Thiebaut un très bon Aurélien. Et Hammou Graïa en Goran, au bagou aussi imposant que son logeur, exceptionnel.
Grinçante d’un bout à l’autre mais au regard terriblement acéré sur la société, "Nénesse" est le reflet à peine grossissant d’un monde à la dérive et le portait de personnages dont on pressent pourtant l’envie de vivre.
Une comédie corrosive et jubilatoire, portée par quatre admirables comédiens. |