Il est des albums qui se suffisent à eux-mêmes. Leur simple écoute suffit à te faire comprendre le message, la démarche artistique. D’autres sont nettement plus complexes à l’écoute et parfois, je le confesse, je reste hermétique à l’artiste, la musique, le message.
Pour être franc avec toi lecteur, on ne va pas se mentir, la première écoute de l’album d’Hifiklub m’a laissé de marbre. Est-ce dû à ce que j’écoutais d’autre en même temps, à mon humeur ? Toujours est-il que je l’avais laissé de côté un petit moment et je l’ai réécouté, une fois, puis deux puis trois et à chaque fois, je découvrais une nouvelle partie, un passage que j’avais laissé filé.
Hifiklub n’est pas un simple groupe, non, le quatuor toulonnais est un concept à lui seul, artistes dans l’âme, Pascal Abbatucci Julien (batterie), Jean-Loup Faurat (vidéos, installations, visuels, effets, guitare), Régis Laugier (direction artistique, basse, voix) et Nicolas Morcillo (guitare) se définissent comme un quatuor de rock expérimental, mais c’est bien réducteur. Ce sont de véritables artistes, avec une discographie conséquente et surtout, des interventions régulières dans des lieux associés à l’Art dans le cadre de performances ou de bandes sonores (Centre Georges Pompidou, Musée d’Art de Toulon entre autres).
Infernu n’est pas un simple album, c’est le prolongement d’un premier opus, Vacanze in Pigna, dont l’enregistrement fut capté dans l’auditorium du village de Pigna en Haute-Corse en 2012, en collaboration avec le chanteur et instrumentiste Jérôme Casalonga et le guitariste Jean-Marc Montera. L’enregistrement est réalisé alors par l’américain Kramer (Urge Overkill notamment).
Infernu en est donc en partie le prolongement, mais il se distingue de ce dernier par la participation à ce sextet d’André Jaume, saxophoniste de jazz contemporain et du multi-instrumentiste Alain Johannes (Queen of the Stone Age, Them Cooked Vultures, PJ Harvey…). D’autre part, l’ambition est, je cite, "de mettre en avant le caractère acoustique des compositions et arrangements par l’utilisation appuyée d’instruments non amplifiés (basse acoustique, guitares acoustiques…) et de musique Corse (notamment la cetera)".
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est réussi. La musique rock est lente, sombre, parfois répétitive et les chants en langue Corse lui apporte un relief et renforcent ce caractère expérimental. Cet album ne se raconte pas, il s’écoute, s’expérimente, se savoure, se vit. C’est un album qui s’adresse aux musiciens avant tout mais qui saura charmer les plus ouverts d’entre vous.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.