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David Foster Wallace  (Editions de l'Olivier)  novembre 2017

Paru en 2015, déjà aux éditions de l’Olivier, celles-ci ont eu la bonne idée de rééditer ce monstre littéraire qu’est L’infinie comédie, écrit par David Foster Wallace, dans une nouvelle charmante collection Replay.

L’infinie comédie a été écrit entre 1986 et 1996 par David Foster Wallace, paru en 1996 aux Etats-Unis, hissant son auteur au rang d’icône de la littérature avant son suicide douze ans plus tard en 2008. L’infinie comédie est un roman fleuve et ce n’est rien de le dire, constitué de 1500 pages hallucinantes (dont 200 pages de notes), fruit de l’imagination débordante et délirante de l’auteur qui possède un grand talent pour les digressions, nous dépeignant en toile de fond une Amérique accro à la télévision, aux médicaments et aux apparences.

L’histoire se déroule en 2010 (le livre date de 1996) autour d’une entité politique, l’O.N.A.N, fédération constituée des Etats-Unis, du Mexique et du Canada, représentant un Disneyland version gigantesque, dans laquelle la société du spectacle domine tout. Dans cette civilisation, un seul mot d’ordre, se divertir jusqu’à en périr. Le roman s’articule autour de trois fils narratifs principaux qui se croisent.

Le premier raconte l’histoire de la famille Icandenza, avec les parents James et Avril et leurs trois fils, dont Hal, un tennisman surdoué promis à un brillant avenir. James (mort après s’être suicidé en mettant sa tête dans un micro-ondes) est un cinéaste qui a crée une académie de tennis dirigée par Avril, sa veuve. Le deuxième fil narratif nous décrit un établissement de soins pour drogués et alcooliques, le Ennet House, situé à proximité de l’académie de tennis. Le troisième fil nous fait suivre de dangereux séparatistes québecois, en lutte contre la fédération, qui traque la famille Incandenza pour mettre la main sur une arme redoutable, l’infinie comédie, une vidéo réalisée par James Incandenza, qui suscite chez ceux qui la regardent une addiction mortelle. Ce film génère un tel plaisir de visionnage, une telle fascination que ceux qui le voient oublient tout le reste jusqu’à se laisser mourir de faim. Ces séparatistes québécois sont traqués par des services secrets très particuliers. C’est cette histoire qui est reliée aux deux autres car ces séparatistes québécois vont être menés vers la famille Incandenza, le club de tennis et le centre de désintoxication.

A partir de cette triple narration, vouloir faire un résumé de ce livre tient tout simplement de la gageure tant il est construit comme un énorme puzzle qui se construit au fil du livre autour d’un défilé de personnages loufoques (les indépendantistes québécois, les membres des services secrets avec à leur tête un ancien crooner qui a l’hygiène pour obsession, un terroriste unijambiste, des sportifs sortis de nulle part), de situations cocasses et de lieux improbables. Tout est démesuré et gargantuesque dans ce livre, hollywoodien aussi évidemment. Les drogues et les médicaments coulent à flot. La mort est omniprésente, souvent de façon loufoque d’ailleurs comme cette femme mourant broyée dans un vide-ordures.

Ce qui fait le grand talent de son livre n’est pas l’histoire, vous l’avez compris, mais l’écriture géniale de son auteur, en perpétuelle fusion tout au long du livre. Tel un volcan incandescent qui décharge sa lave, David Foster Wallace décline différents styles littéraires au fil des pages avec une virtuosité ébouriffante qui nous entraîne et nous capture magnifiquement. Il nous fait aussi une véritable démonstration des différents niveaux de langage existant, au fil du livre, passant avec une grande facilité du langage soutenu au langage trivial en passant par des réflexions philosophiques. David Foster sait tout écrire, ses influences littéraires sont nombreuses, répandues tout au long du livre. Avant de beaucoup écrire, David Foster a dû beaucoup lire, c’est une évidence.

Quand il n’écrit pas sous la forme d’une lettre, David Foster Wallace s’amuse à écrire des dialogues sous la forme d’une pièce de théâtre ou bien à disserter pendant des dizaines de pages ou bien encore à rédiger des articles de presse. David Foster Wallace prend un malin plaisir à nous balader dans tous les sens, à coup de styles littéraires multiples. Quel que soit le style, l’écriture est parfaite, précise et jubilatoire. Ce livre est tout simplement une leçon d’écriture, un cours magistral.

A cela s’ajoute une érudition encyclopédique, dans de très nombreux domaines, présente dans chaque digression de l’auteur, et elles sont nombreuses, argumentées et expliquées dans les 200 pages de notes notamment. Certaines de ces notes couvrent plusieurs pages qui auraient très bien pu être intégrées directement dans le livre.

Enfin, le roman, au demeurant bourré d’humour, est aussi l’occasion pour David Foster Wallace de nous livrer une critique acerbe de la société américaine et de ses dérives, dans lequel le pouvoir politique est raillé. Les nombreux individus du livre ont tous un mal-être, pas toujours le même évidemment et leur problème de communication entre eux n’arrange rien. Dans cette société, c’est son abêtissement qui est critiqué par l’auteur, symbolisé par l’un des enfants de la famille Incandenza.

Ce livre est une révélation, une expérience littéraire hors-norme qui me fait penser au dernier livre de Grégoire Bouillier (non pas dans le thème mais dans l’originalité, dans la structure et l’envie de digresser à l’infini), sorti il y a quelques mois. Sa lecture est exigeante, très longue aussi du fait de la densité des propos mais tellement jubilatoire.

L’infinie comédie est un livre clivant, certains trouveront ce livre génial, quand d’autres abandonneront au bout de 80 pages n’ayant toujours pas vu à quoi et où voulait en venir l’auteur. Il demeure pour moi un immense livre, dans tous les sens du terme que je vais conserver religieusement dans mes étagères aux côtés de mes livres préférés.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :
La chronique de "Considérations sur le homard tome 2" du même auteur
La chronique de "Le Roi pâle" du même auteur

En savoir plus :
Le Facebook de David Foster Wallace


Jean-Louis Zuccolini         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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