Comédie conçue d'après des textes de Jean-Michel Ribes, et mise en scène par Frédéric Gray, avec Julie Fabioux, Frédéric Gray et Christelle Maldague.
De la comédie romantique au pandémonium conjugal, le couple constitue un thème théâtral aussi récurrent qu'inépuisable qui irrigue également l'univers féroce de Jean-Michel Ribes dans le thésaurus duquel a puisé Frédéric Gray pour concocter "une fantaisie comique et absurde" propice au débridement des zygomatiques les plus sclérosés.
Intitulée "En Couple (situation provisoire)", elle propose un florilège de pièces courtes qui épinglent joyeusement et néanmoins férocement, à l'instar de l'affiche créée par l'illustrateur Jean-Vincent Sénac inspiré par l'humour noir de Roland Topor qui fut le compère-complice de l'auteur, les prises de bec et de tête de conjoints suscitées par des situations - presque toujours - banales de la vie courante.
Dans un décor placé sous le signe de l'écodesign en carton, émaillée de délicieuses et irrésistibles trouvailles et déroulée en farandole avec changements à vue ponctués de brefs intermèdes musicaux signés Matthieu Dessemme ou Gotan Project, la mise en scène de Frédéric Gray, qui, fine mouche connaissant ses classiques contemporains, ne force pas sur la sur-énonciation de ces dramuscules écrits au scalpel.
S'affranchissant de la doxa de l'humour bobo parfois associée à ces textes, il privilégie la dérision "bon enfant" et s'attache au comique de situation qui fait de leurs protagonistes, souvent ridicules, des pantins victimes de leurs humeurs et pulsions. A toute règle son exception avec l'amour singulier, dont la primeur est laissée au spectateur, qui rapproche les personnages de "La Survivante".
Au jeu, un trio à la belle synergie chorale. Frédéric Gray s'avère épatant en Fregoli tout comme ses deux partenaires, la blonde Christelle Maldague qui, à ses côtés, fut une incandescante Mary Shelley dans "Mademoiselle Frankenstein" et la brune Julie Fabioux qu'il dirige avec sagacité dans deux opus monologaux dispensés avec justesse, respectivement "Ultime bataille" et "Venise zigouillée" dans lesquels la gent féminine règle ses comptes de manière radicale.
Mission accomplie pour ce divertissement résolument jubilatoire. |