"I imagine, like a lot of you who look back over the past year, it often seems as if the world is going straight to Hell. I wake up in the morning, I look at the paper, and I say to myself, "Oh no !" Often I’m depressed for half the day. It doesn’t matter how you voted — on Brexit, the French elections or the U.S. election more than a year ago — many of us of all persuasions and party affiliations feel remarkably similar. This feeling is not confined to one side of the political spectrum." "I began to look for encouraging things that are happening anywhere in the world, and if they have been tested, if they have been proven to work, if they can be transferred and adopted in other places if they can scale up" David Byrne.

American Utopia est un disque paradoxal. Rester optimiste, presque envers et contre tout, même envers les tensions sociales et politiques, le racisme, le conservatisme et le repli sur soi, la nouvelle position politique des États-Unis et de Trump. Loin de toute ironie, le chanteur pense que nous pouvons continuer de garder espoir, de faire évoluer notre culture capitaliste et consumériste vers un monde plus progressiste et écologique. Alors il faut aller chercher, retrouver le plaisir dans une sorte de quotidien, dans les relations aux autres, dans ce que les nouvelles technologies peuvent nous apporter de bon. Préférer le ré-enchantement à la colère, un activisme passant par la transformation personnelle.

Ce disque étant la suite logique de son projet multimédia : Reasons To Be Cheerful, invitation à contrer les angoisses politiques de notre époque en fournissant un forum pour mettre en avant les bonnes initiatives écologiques et sociales. American Utopia sonne donc le retour discographique en solo de l’ex-leader des Talking Heads. En solo car le New-Yorkais n’est pas resté inactif musicalement, collaborant avec Jherek Brandon Bischoff, Anna Calvi, St. Vincent… développant le label Luaka Bop ou encore une webradio.

Un retour avec des envies de non renoncement et continuer à comprendre l’évolution de la musique (Cf. son livre intitulé How Music Works sorti en 2012), son caractère relationnel, sa capacité à se transformer, la façon dont nous créons et percevons la musique, sujet qui fascine clairement Byrne. Dans American Utopia (où l’on retrouve la présence en pointillés de Brian Eno, son collaborateur de longue date), les 10 titres se concentrent sur des façons alternatives de regarder le monde, avec des paroles ironiques et provocantes jouant avec les perspectives, tout en combinant la pop, le rock, l'afrobeat, le tout avec des structures mélodiques mouvantes.

Las les belles idées ne suffisent pas toujours et hormis sur quelques titres ("Everybody’s Coming To My House", "I Dance Like This", "Gasoline and Dirty Sheets", "Doing The Right Thing"), la machine tourne un peu à vide. La musique se cherchant toujours. Pas vraiment pop, pas vraiment intellectuelle. Un peu datée aussi ("Every day Is A Miracle", "Dog’s Mind", "This Is That", "It’s Not Dark Up here", "Bullet"...). En quelque sorte un retour en demi-teinte...