Arrivée aux Trois Baudets après la pluie, je croise quelques visages et personnes que je connais et je m'installe au milieu de cette petite salle atypique qui est généralement connue pour promouvoir de nouveaux artistes en langue française.
Deux femmes se succèdent avant Karen Lano qui arrive enfin sur scène accompagnée de ses complices Olivier Legall à la guitare et Marie Lesnik au violon. Elle porte une tenue noire mais lumineuse.
Karen nous plonge directement dans un tout autre univers contrairement à ce que j'ai pu écouter d'elle auparavant. J'avais encore en tête le concert au Divan du monde ou avait également joué Emilie Marsh, une artiste qui aura donné naissance au morceau "Sirocco" et que j'aime vraiment de par sa qualité d'écriture.
Le set est composé de textes emprunts de légendes, de liberté, avec de belles sonorités celtiques voire tribales. Karen Lano intrigue car ce nouveau répertoire familiarise avec son changement de registre, plus personnel, aujourd'hui très folk. C'est un concert tremplin de ses nouveaux morceaux écrits pendant l'été 2017. Et ça fonctionne terriblement bien ! Je retrouve son énergie, ses gestes sur scène que suivent Marie et Olivier afin d'inviter le public à participer et à s’immiscer dans cet atmosphère bienveillant. Nous avons eu deux versions du merveilleux titre "Muse" qui nous plongeront directement sur des terres d'ailleurs, un peu en Irlande ou autre terre celte que vous aurez eu en tête.
Mon morceau préféré du concert est définitivement "Pégase".
Au moment où elle parle de l'envol, c'est réellement ce que j'ai pu ressentir et la partie violon de Marie sublima cet effet. En fermant les yeux, je me suis rappelée d'une autre artiste qui m'avait provoqué ce genre d'émotion pure et authentique...
Un peu plus tard, j'ai demandé à Karen quelques noms d'artistes qui l'inspirent aujourd'hui : "Bon Iver, Grizzly Bear, Camille, Kate Bush, Bertrand Belin, James Blake, Facteurs Chevaux : en fait, c'est en voyant des artistes comme Bertrand Belin, Facteurs Chevaux récemment que je me suis rendu compte que c'était complètement possible d'écrire en français tout en gardant une musique aux influences anglo-saxonnes et autres, et que ça pouvait sonner ; Claire Diterzi aussi pour le côté un peu barré baroque".
Et moi j'ai pensé immédiatement à une artiste dont l’énergie se rapproche quelque peu : Jonatha Brooke, artiste américaine qui provoque cet univers indéfinissable, cette terre qu'on voudrait appeler "chez soi". Mais au fond, Karen Lano devient incomparable. Il ne lui reste plus qu'a continuer à prendre sa place au sein des rares artistes qui me font vibrer dès la première envolée lyrique.
Karen Lano et ses acolytes, de par leurs voix et chœurs maîtrisées, de par leurs mélodies, m'ont fait rêver ce soir-là et promettent d'avantage si le répertoire s’enrichit autant que les quelques titres dont nous avons eu le privilège de vivre aux Trois Baudets.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.