Après avoir visité des contrées ukrainiennes avec le premier roman publié par les éditions Delcourt, Une ville à cœur ouvert, changement de cap, direction vers l’Ouest, vers la Californie et la ville de San Francisco pour rencontrer une jeune demoiselle nigériane de soixante-quinze ans à la vie haute en couleurs. Le titre, tout un poème et assez improbable, Comme une mule qui apporte une glace au soleil, nous promet une belle découverte, celle d’une jeune nigériane, Sarah Lapido Manyika qui, pour son premier roman, frappe un grand coup.
Le livre est court, un peu plus de 130 pages, se lit d’une traite, en une bonne heure et nous ravit le cœur. C’est un condensé de bonne humeur, de sourires, un livre qui rend joyeux, ça pétille de partout. C’est un livre à mettre dans les mains de tous les dépressifs. Une thérapie pour tous ceux qui sont tristes.
L’auteur nous raconte l’histoire d’une femme d’un âge avancé, soixante-quinze ans, pleine de vie néanmoins, cultivée et d’une grande humanité. Morayo Da Silva rayonne dans la vie et dans le livre. C’est un condensé de bonne humeur. Elle est à l’image des habits qu’elle porte. Nigériane, ses tenues sont faites de tissus de multiples couleurs.
Elle vit à San Francisco depuis maintenant 20 ans dans le quartier de Haight-Hashbury qu’elle aime par-dessus tout. Ce quartier, c’est son petit monde, elle en connaît tous les recoins, les commerçants. La vie des autres, elle l’expérimente aussi au gré des romans qui tapissent les murs de son appartement et dont les personnages dialoguent entre eux.
Ce qui fait la beauté de ce petit bijou qu’est ce livre, c’est la manière dont l’auteur arrive à faire chuchoter dans nos oreilles cette vieille femme qui nous confie sa vie intérieure, sa sagesse bienheureuse et ses souvenirs d’ailleurs. On apprend de nombreuses choses sur sa vie, au demeurant très mouvementée entre Lagos et les Etats-Unis. Passionnée de littérature, elle range ses livres non pas par ordre alphabétique, ni en fonction de la couleur du dos. Elle les classe par personnages. Elle rapproche ceux qui, selon elle, doivent se parler. Sa culture est immense, la littérature son univers.
On se plaît à suivre cette femme ordinaire au gré de ses rencontres, avec un commerçant palestinien, Mike un policier apprenti romancier, Madame Wong avec toujours un balai entre les mains, Sunshine sa jeune voisine indienne ou encore Rachel la jeune SDF fan de Grateful Dead. Ses anecdotes sont toutes savoureuses, ses pensées amusantes. On ne voit pas passer les pages et on se surprend à arriver à la fin du livre, à tourner la dernière page avec un immense sourire.
Thérapeutique ce livre vous dis-je ? Sûrement ! Indispensable ? OUI. Et déjà l’envie de lire un nouveau roman de cette auteure pleine de belles promesses. |