Comédie dramatique de Laetitia Lambert, mise en scène de Lee Fou Messica, avec Laetitia Lambret, Fabrice Michel et François Vignaux.
Rousse flamboyante elle aussi, Laetitia Lambert axe son opus "Lilith" sur le personnage mythologique et biblique éponyme, la première épouse d'Adam créée à son égal et évincée par Eve.
De Lilith révélée comme figure emblématique de la femme fatale dans les arts au 19ème siècle et notamment picturaux, du pré-raphaelisme avec la "Lady Lilith" de Dante Gabriel Rossetti et au symbolisme avec la "Pandora" de Jean-Jacques Henner, et dont l'image, dans les années 1970, a été celle du flambeau d'un certain militantisme féministe, elle donne une déclinaison contemporaine qui se révolte contre les clichés et postures de la sexuation qui fonde la société patriarcale.
Une jeune femme belle et rebelle, surtout douloureuse, animée, et minée, par une violente colère, part en week-end pour la première fois - et armée d'un révolver - avec son amant marié.
La situation du voyage en voiture est propice au registre formel du "road-movie électrique" voulu par l'auteure et au huis-clos qui transforme l'escapade amoureuse en confrontation homme-femme derrière laquelle se dessine une impossible résilience.
Elle, avatar réaliste de la Beatrix Kiddo tarantinesque qui a troqué la combinaison et le katana pour un perfecto jaune et un revolver, veut absolument parler, convoquer et batailler pour modifier les curseurs de la féminité, du désir et du déterminisme génétique.
Lui, prototype de l'homme moyen, n'aime pas les conflits, ne veut pas "se prendre la tête" et préfère le non-dit et le silence. Poussé dans ses retranchements, il excipe des sujétions, force et virilité, imposées à l'homme et de la peur du freudien continent noir.
Traitant du féminisme, essentiellement sous l'angle de la sexualité et du respect de la personne, de son intégrité et de son désir, cette première, et prometteuse même si elle peut susciter quelques réserves au plan dramaturgique, partition s'avère davantage filmique, Laetitia Lambert est également réalisatrice, avec une structure en plan sur plan et des dialogues ressortant au langage oral propre au cinéma.
Avec les lumières en clair-obscur de Gilles Gaude et sur fond d'images de route défilante, la mise en scène de Lee Fou Messica soutient cette prévalence et le jeu convaincant des deux officiants Fabrice Michel, très juste, et Laetitia Lambert, irradiante. |