Clair de lune : Debussy - Fauré - Ravel
(Deutsche Grammophon) mars 2018
Pour le centième anniversaire de la mort de Claude Debussy, c’est au tour de Menahem Pressler de rendre hommage à ce grand compositeur.
Ce doyen de la musique classique, du haut de ses 94 ans n’est pas à son premier coup d’essai. Il découvre ce compositeur lors d’un concert du pianiste Paul Loyonnet à la fin de son adolescence, avec lequel il prendra quelques cours pour appréhender cette musique qui lui ouvre "un nouveau monde".
Il dira lui même : "J’ai travaillé méticuleusement sur toutes les nuances des marquages dynamiques (…) ou sur la signification précise des indications expressives françaises (…). Bref, j’ai appris à lire la musique de Debussy". En effet, les pièces pour piano de Debussy lui permettent de remporter le premier prix de concours international de piano Debussy à San Francisco en 1946.
Par la suite, il intégrera le Beaux Arts Trio avec le violoniste Daniel Guilet et le violoncelliste Bernard Greenhouse et débutera une carrière soliste en parallèle à partir de la fin des années 1980. Ce disque est d’ailleurs dédié à Lady Annabelle Weidenfeld qui lui a apporté un grand soutien dans sa nouvelle vie de soliste.
Menahem Pressler, dans ce disque signature, propose ici une succession de pièces tirées de différents recueils des oeuvres pianistiques de Debussy avec des pages extrêmement connues comme "Clair de lune", issu des Suites bergamasques, ou "The little Sheperd" des Children’s Corner. Il interprète également des extraits du premier livre de Préludes : "Danseuses de Delphes", "Voiles", "La fille aux cheveux de lin", "La cathédrale engloutie" pour terminer avec "Minstrels". Il ajoute aussi "Rêverie" et "La plus que lente", pièces plus rarement enregistrées, d’ailleurs considérées par Debussy comme des oeuvres insignifiantes et purement alimentaires.
On peut tout d’abord s’étonner de ce choix d’oeuvres en apparence disparate, mais surtout du tempo choisi par le pianiste, toujours très lent, avec des rubato à n’en plus finir qui brouillent complètement l’auditeur. Nous perdons complètement l’aspect rythmique cher à Debussy avec, par exemple, le mélange de binaire à la main gauche et de ternaire à la main droite dans la première Arabesque qui n’est plus compréhensible. L’expression recherchée par le compositeur n’est pas au rendez-vous avec une interprétation parfois très lourde et un manque de fluidité dans les traits rapides.
Le disque se termine avec la Barcarolle n°6 de Gabriel Fauré et deux pièces de Maurice Ravel, "La Pavane pour une infante défunte" et "Oiseaux tristes", deuxième pièce du recueil Miroirs. Là encore, nous ne percevons pas vraiment le fil conducteur avec les autres pièces. La Pavane est assez surprenante avec une introduction de notes piquées qui présage une interprétation personnelle de l’oeuvre mais qui n’est pas assumée jusqu’au bout et qui, finalement, produit une version assez décousue.
La connaissance des oeuvres de Debussy de Menahem Pressler avait un côté prometteur et donnait envie d’écouter ce disque, mais malheureusement, cet enregistrement se révèle particulièrement décevant. La qualité de jeu n’est pas à la hauteur des attentes que l’on peut avoir vis-à-vis de ce pianiste, plusieurs fois primé, notamment par une victoire de la musique d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre en 2016.
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