Quand
Asleep In The Back, le premier album de Elbow est
sorti, on pensait sincèrement et sans méchanceté aucune
que ce serait aussi le dernier. En compagnie de quelques autres groupes anglais,
Elbow est arrivé en effet à un moment, où tout le monde
se mettait (de nouveau) à faire de la pop outre manche. Par mode ou par
obligation, histoire de relancer un style et des idées d'une certaine
culture pop anglaise à bout de souffle quelques années après
la folie "Madchester".
Mais loin d'une certaine fougue, Elbow avait mis plus de 7 ans pour sortir
son premier album et tant de ténacité pouvait laisser augurer
une possible pérénité du groupe. Si le délai entre
ce premier album et Cast of Thousands leur toute dernière
livraison est beaucoup plus raisonnable, la qualité de ce dernier n'en
a pas trop souffert et si Cast of Thousands ne révolutionnera sans doute
pas la pop pusique du 21 ème siècle naissant, il n'en reste pas
moins un album fort agrèable à écouter.
Ce deuxième disque, loin des modes et des ambitions mercantiles du moment
(du moins semble t il) a donc été construit dans une certaine
urgence, contrairement au premier qui se voulait un best of des années
de travail passées. Dans l'urgence certes mais avec des idées
bien arrètées sur le résultat final même, si ils
l'avouent eux même,s c'est assez éloigné de leur idée
de base.
Les textes restent assez pessimistes mais pourrait il en être autrement
puisqu'ils se veulent dans l'air du temps. Si les mélodies sont accrocheuses
pour la plupart, il n'en reste pas moins un sentiment de mélancolie qui
en ressort, comme sur "Fugitive Motel" où il est question
d'éloignement avec la personne que l'on aime, situation vécue
par les membres du groupe lors de leur tournée américaine.
"Snooks" et son rythme nonchalant est une autre chanson
autobiographique qui raconte un peu la vie du groupe et qui, simultanément,
fait référence a Snooks Eaglin, chanteur de blues aveugle.
Le morceau phare de ce disque est sans doute "Grace under Presure",
écrit (pour la petite histoire) dans une église à Mull
et enregistré avec un choeur de gospel rythmé par une batterie
entêtante.
"Fallen Angel" quant à lui est sous influence blurienne,
période "13" surtout dans la façon de chanter et les
arrangements.
"I've got your number" revendique largement ses références,
puisque Elbow est allé piller le Electric Ladyland de Jimi Hendrix
pour ce faire. Le résultat est un mélange surprenant de pop planante
et un peu psyché avec tous les ingrédients vintage habituels (orgues,
guitares et .. tempo).
"Not a Job" est également un très beau morceau
qui sans être original (il évoque un peu REM) est fort
bien mis en forme et se laisse écouter en boucle, malgré le final
un peu en deçà du reste du morceau qui lui fait perdre en intensité.
"Switching Off", petite berceuse calme et mélancolique,
aurait sans doute gagner à clore cet album sur une note douce au lieu
du fantaisiste "Flying Dreams".
En tout état de cause, ce disque, que l'on n'attendait pas vraiment,
est une assez bonne surprise et nous donne à écouter un groupe
qui a bien muri et qui fera peut être parler de lui plus que l'on aurait
pu le croire.
A suivre... |