Je dirige la BRI de Paris et j’ai signé le roman Les Loups Blessés, qui suis-je ? Non, rien à voir avec le fromage (bande de nazes), BRI c’est la brigade spécialisée contre le grand banditisme. Je suis Christophe Molmy, aux premières loges de mon inspiration.
Quand il a fini de courir après les méchants, il attrape son crayon de pap’ et quelques feuillets pour s’atteler à l’écriture. Il surfe sur la vague du succès de son premier roman pour ce second, sans pour autant se reposer sur ses acquis, mais en créant une toile inédite de méchants pas si mécréants, galopant devant des gentils pas si innocents dans Quelque part entre le bien et le mal. C’est là que se trouvent les psychopathes.
Quatre intrigues s’entrelacent et se rapprochent jusqu’à ne former plus qu’une. C’est avec patience et maîtrise que l’auteur raconte Philippe, le chef de groupe de la PJ occupé à pister une rançon, les frères braqueurs du dimanche, Coline, la jeune fliquette anonyme à l’instinct de chasseur de tueur, c’est elle qui flaire avant tout le monde le psychopathe de service, assassin de graciles et juvéniles donzelles à tresses.
Policier dans toute sa splendeur, Christophe Molmy écrit à la sueur de ses nuits blanches les tortures culpabilisantes de savoir des salauds dans la nature. Magistral dans le découpage des chapitres, le roman dresse un tableau criant de réalisme entre victimes et bourreaux, sans clichés et avec un discernement frôlant la pathologie.
Quelque part entre le bien et le mal n’est pas un simple roman policier où le flic rattrape le truand avant de le menotter contre les portières de son gyrophare. Il trace en pointillés le moment infime où tout peut basculer, quand la limite entre le bien est le mal n’est plus qu’un souffle, quand la justice peut bien aller se faire voir chez les corrompus et que la loi du Talion pourrait bien régner.
Parce que les bandits ne sont pas les seuls à vivre de leurs pulsions, les protecteurs de civils et gardiens de la paix sont eux aussi humains. Ce qui les différencie de nous est qu’ils portent leurs envies de midinettes comme un fardeau, en effet, "un monde en paix" n’est pas aussi facile à obtenir que veulent bien nous faire croire ces perches en micro bikini au sourire ultra bright. Tout simplement parce qu’un monde en paix ne s’obtient pas en zigouillant le méchant.
C’est de ce postulat qui fait son quotidien que s’inspire Christophe Molmy pour filer ce roman, il a laissé un peu de lui entre les pages, comme nous laissons un peu de nous après une chute. Une cicatrice, une dent cassée, un pli entre les yeux, Quelque part entre le bien et le mal se situe dans la fange de nos actes manqués, bien au-delà de ce que nous nous échinons à laisser paraître. Le roman s’immisce dans nos pensées les plus profondes et distille le poison de son intrigue. Addictif. |