Un sifflement de l’au-delà, un train dans le noir, un murmure, un mirage : "Ainsi là, je suis l’homme sans voix, je ne sais même plus comment faire, depuis l’âge ou l’on devient soi, j’ai appris des autres à me taire" ("L’homme sans voix"), Sammy Decoster descend de la montagne à cheval. Et si vous l’imaginez avec une belle moustache et un chapeau, sachez que vous avez raison.

Sortie 21 est directement issu de la moelle de son roadtrip dans le désert, de glace, de sel ou de sable, peu importe, les sons ne percutent nul édifice, nul véhicule, nul âme, l’ambiance est dénuée d’architectures humaines, seule la végétation et les sinuosités de la piste guident le promeneur sur la route. Les cordes résonnent dans l’immensité des possibles proposés par le vaste horizon.

Mélancolique crooner à moustache, Sammy Decoster invite au voyage : "Je fuyais pour l’amour du ciel, vérifiais le contour de mes ailes" ("Sortie 21"), les cordes doucement pincées grésillent légèrement, ajoutant une larme au départ, soufflant un vent de changement, un retour aux sources. La mélancolie est paisible entre ses doigts.

Authentique dans ses paroles et dans ses mélodies, l’artiste a quelque chose de légèrement désuet, un quelque chose pas franchement vintage ni tout à fait ringard, mais terriblement séduisant, ce petit truc en plus qui vous fait craquer chez le plus banal des mortels et que ce foutu palpitant n’est pas capable d’expliquer. Une émotion.

"Je mentirais de dire que jamais je ne tairai pas les songes les soupirs qui parfois me tirent un peu malgré moi" ("Je mentirais"), il est des silences plus éloquents que la plus belle littérature, Sammy Decoster le sait bien et ce folk un peu roots qu’il nous offre n’est pas étranger à des résurgences de souvenirs de retrouvailles.

Fricotant avec le rock à billy, "Micheline" donne de furieuses envies de se chausser d’éperons et de balancer les guiboles les unes avec les autres, à mioumiouter "Micheline, emmène emmène emmène moi tout au bout". Batifolons dans les champs, ça tombe bien, c’est le printemps.

Moi il me donne envie de manger du fromage au sommet de la montagne d’en face, les pieds dans la neige et la tête dans les nuages. Parce que Sortie 21 est solitude, contemplation et aventure. Sergio Leone is back.