Jacques Villeret, tout en rondeur sarcastique, joue les rats d'égouts et les tueurs à gages pour le compte d'un ex-spahi asthmatique et halluciné, campé de façon magistrale par Michel Serrault, dont le râle final figurera certainement dans l'anthologie du genre, en espérant intégrer les troupes d'un parrain, Don Salvador, auquel Michaêl Lonsdale prête ses air de mystique égaré dans les milieux mafieux.
Car pour notre homme, doté d'une épouse bobonne, de deux gosses et d'un petit fonds de serrurerie, son rêve d'ascension sociale passe par les grosses bagnoles et les grandes blondes bien roulées comme dans les films américains des années 50 qu'il affectionne. Surnommé "Le furet", il dégomme les méchants avec une conscience de bon ouvrier qui l'honore, rien que des méchants, jamais femme et enfant, et suit son petit bonhomme de chemin avec ténacité et sans état d'âme, la fin justifiant les moyens.
Avec ce 46ème film, Jean Pierre Mocky, cinéaste libertaire et iconoclaste, n'en finit pas de nous épater. Bon an mal an, un film par an, parfois trois, souvent réalisés avec des bouts de ficelle, sa vélleité reste intacte et il nous livre avec ce furet un hommage au polar d'après-guerre et une galerie de portraits qui fait la part belle aux acteurs, que de belles pointures qui répondent toujours présent.
C'est drôle et sarcastique, abracadabrant et jubilatoire comme une BD, et bourré de clins d'oeil d'un monsieur qui, à plus de 70 ans, a conservé intacte sa verve et sa véhémence. Chapeau bas ! |