Quelle drôle d’idée que celle de vouloir faire le point sur sa vie pendant 24 heures un 15 août, le jour de la fête de la vierge Marie, un jour où Paris est d’un calme olympien, presque vidée de ses parisiens ! Stephan Zweig nous proposait 24 heures dans la vie d’une femme dans les années 20, Julie Marx reprend le flambeau en nous proposant de suivre une jeune femme à bout de souffle qui s’est donné le temps d’une journée pour reprendre le cours de sa vie. La journée de la vierge est son premier roman, publié aux éditions de l’Olivier.
Auteure de stand-up, elle traverse une passe compliquée. Trentenaire, seule et célibataire, elle décide qu’elle n’a pas dit son dernier mot, se donnant 24 heures pour réagir. Loin d’être résignée, nous allons la suivre dans son quotidien, le temps d’une journée, en rencontrant un parterre de personnages hauts en couleur, parfois loufoques auxquels elle va se confesser ou se confier.
Le livre est drôle car évidemment, rien ne va se passer comme prévu tout au long de cette journée racontée sous la forme d’un monologue. Julie Marx s’appuie sur une écriture vive et percutante qui donne un rythme soutenu à cette journée particulière remplie de souvenirs et de galères. Cette journée est l’occasion d’évoquer aux détours de certains personnages, les difficultés de nos vies urbaines. Car l’auteur, en même temps qu’elle nous fait rire, nous fait aussi beaucoup réfléchir.
Pour lutter contre sa solitude, la narratrice multiplie les rencontres et les conversations par textos ou par Skype. Pour elle, le Spritz est la preuve que l’on peut aimer l’amertume tout en refusant l’aigreur. Et puis, il y a sa voisine Laetitia, qui sort d’une tentative de suicide, suivie par une psy, qui va vers ses quarante printemps.
Julie Marx manie la digression comme un art, donne des noms loufoques à ses plantes qu’elle adopte en les trouvant da la rue. Et elle leur parle aussi. Car elle est bien seule en fait et cette solitude est très présente dans son livre. Et cette solitude se ressent plus l’été. L’été, "on devrait l’interdire par une convention de Genève", nous dit-elle après avoir rappelé l’engrenage des alliances qui, au cours de l’été, entraîna l’Europe dans la première guerre mondiale. Minuit arrive, la journée de la vierge est sur le point de se terminer, une clope à la bouche. On se délecte des dernières pages, le sourire au coin des lèvres. Et on se dit que l’on passerait bien septembre avec Julie Marx.
Avec ce premier roman, Julie Marx nous prouve qu’elle dispose de véritables qualités littéraires et de beaucoup d’imagination. Sa journée de la vierge est un livre destiné à tous ceux pour qui l’humour tient lieu de boussole, un vrai petit bijou. |