Que faire quand on se sait responsable d’un meurtre dont on ignore la nature ? Que ressent-on au sujet d’un acte commis que l’on n’arrive pas à se pardonner ?
Ces deux questions sont au cœur du dernier livre de John King, Prison House, paru aux éditions Au Diable Vauvert. Roman sur la rédemption donc, roman sur l’enfermement mental et carcéral aussi. Le narrateur, Jimmy Ramone, voyage à travers l’Europe quand il se retrouve jeté dans la prison des Sept Tours. Solitaire et vagabond, il n’a rien de commun avec des détenus dont il s’isole, tentant de dénouer les fils de sa culpabilité. Jusqu’à découvrir le crime qu’il s’était caché mais pour lequel il est châtié, le crime originel qui l’a poussé dans l’oubli et l’errance.
Ce polar est d’une très grande originalité, on se retrouve rapidement happé par sa dimension morale où le personnage principal est à la fois l’enquêteur et le coupable d’un crime qu’il n’a pas commis et pour lequel il s’est lui-même condamné.
Ecrit au présent et à la première personne du singulier, le lecteur se retrouve dans une forte situation d’empathie pour le narrateur. On est avec lui quand on le voit ne pas comprendre le mode de fonctionnement d’un centre pénitencier. On découvre avec lui les difficultés de l’enfermement, on a peur à ses côtés quand il se retrouve face à des prisonniers dangereux et des gardiens sadiques. On retrouve de l’espoir quand on le voit nouer des formes d’amitié avec d’autres détenus. On le suit au travers de ses rêves et des souvenirs qui lui reviennent de son enfance.
Vous l’avez compris, le grand talent de ce livre, en plus de son histoire originale, est de réussir à nous immerger totalement à l’intérieur de cette prison, dans la peau du narrateur. Les chapitres s’enchaînent, au gré du quotidien des détenus et du narrateur pour nous emmener vers une conclusion terrible qui nous fait réellement comprendre pourquoi le narrateur se retrouve dans cette situation.
Encore inconnu à mes yeux, John King et son dernier livre s’avèrent être une chouette découverte, une de plus. Prison House restera pour moi une lecture bien sympathique. |