Free the Prisoners
(Traveling Music/ Differ-Ant) mai 2018
"I want to free you from every kind of attire, from that delicate glance that is not quite desire, and I want to see you entirely naked, of every posture of every false question".
Combien de temps faut-il pour succomber à ce disque ? Un titre avec le très beau Free The Prisoners ? Quelques minutes suffisent... Il faut dire qu’Andrew Sweeny, musicien Canadien vivant à Paris nous caresse très largement dans le sens du poil avec cette musique folk lorgnant vers le rock ou le blues aussi bien écrite, tant au niveau de la musique que des paroles sur la responsabilité humaine sur l’avenir du monde, la présence humaine, la déliquescence de notre monde.
Mais il parle surtout de lui : "Free the prisoners is an album about freeing myself from my own prison, not anybody else. I wouldn’t dare tell anybody else how to free themselves, but I can testify to my own experience. The prisoners are the songs. They are the sea-gulls caught in the barbed wire that surrounds the ocean of the heart, they need to be released. The prison is the minds self-obsession, the bounded space, which doesn’t let the heart be free. Leonard Cohen called this the crisis of a song. You don’t sing the blues, unless you are a prisoner, unless you are in crisis. That is : you can’t know joy, unless you have seen the prison walls. You will just remain innocent, but not be wise. You have to lose consciousness to find it again, you have to visit the underworld, before you know the true color of the sky. I hope this, in some small way, helps you find it".
Deux passions la musique et la littérature, Sweeny est titulaire d’un diplôme de littérature, pour des chansons aux formes et au fond rappelant Leonard Cohen. Ce dernier devenant jusqu’à son décès son mentor. Il y a d’autres légendes qui entourent ce disque : Neil Young, Bob Dylan, Bruce Springsteen... il y a pire. Surtout que Sweeny ne se laisse absolument pas submerger par ses influences, au contraire. C’est du classique mais de l’intemporel aussi. Poésie du verbe et des notes. Il y a une force, une intensité, une véritable puissance émotionnelle (pourtant pleine d’une certaine fragilité) qui, si vous fermez les yeux, vous donne la chair de poule et vous fait voyager très loin...
Ce n’est donc pas un hasard si la sortie de ce disque est couplée avec la sortie d’un recueil de cent poèmes écrits en cent jours dans le RER C. Il faudra absolument s’abandonner à cette musique qui parle pour elle-même, à ces guitares en cavalcades, à ces mélodies, à ce son tout en rondeur et velours, à des titres comme : "Free the prisoners", "Lucinda", "You are my heart", "Don’t trust the things that shine"... "And I want to liberate that monster in your womb, and sweep away the clouds and gloom, and I want to free you from the burden of desire, and lay you down in the cool, cool fire".
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.