Réalisé par Ilan Klipper. France. Comédie.1h17 (Sortie le 23 mai 2018). Avec Laurent Poitrenaux, Camille Chamoux, Marilyne Canto, Alma Jodorowsky, Michèle Moretti, François Chattot et Frank Williams.
Bien connu des amateurs du théâtre public, Laurent Poitrenaux, avec "Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête" d'Ilan Klipper fait sa grande entrée dans le cinéma français.
Dans ce film qui se passe dans le loft qu'il cohabite avec Justyna (Alma Jodorowsky), qui aspire à devenir une "femen", il est Bruno Weintraub, un écrivain prometteur qui a publié avec succès un premier livre, qui s'appelle justement "Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête". Mais le temps a passé et l'on attend depuis de ses nouvelles, lui qui vit enfermé, reclus avec sa perruche dans son appartement-capharnaum.
Un matin, tous ses proches, à commencer par ses parents, son ex-petit ami Laétitia, son copain Alain viennent accompagnés d'une certaine Sophie Andreux le voir...
"Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête" d'Ilan Klipper est un film qui devrait provoquer des réactions bien tranchées. Face à ceux qui ne comprendront pas ses raisons d'être répondront ceux qui y verront une fable hilarante sur le mal de vivre, la difficulté de créer.
Ils y découvriront un Laurent Poitrenaux presque présent dans tous les plans passant par tous les états possibles entre fébrilité et félicité. Ils y apprécieront l'ambiance saugrenue et les nombreuses ruptures de ton qui font du film une œuvre vraiment à part, sans antécédents et certainement sans postérité.
Pour son premier long-métrage de fiction, Ilan Klipper, par ailleurs documentariste, réussit à faire vivre toute une galerie de personnages qui viennent s'agglutiner dans le réduit de Bruno, qui a des côtés cabine des Marx Brothers dans "Une nuit à l'Opéra".
Dans cette fantaisie, où l'on retrouve avec plaisir François Chattot et Michèle Moretti, en parents ambivalents de Laurent Poitrenaux, la seule à ne dégager aucune force comique est paradoxalement Camille Chamoux, en psychiatre venu là pour embarquer l'écrivain dans sa clinique.
Même Marilyne Canto, pourtant pas le prototype de l'actrice foldingue, semble s'ouvrir à un ailleurs moins sérieux. Palme à Frank Williams, dont le physique pas facile est porteur d'une étrangeté qui, à la moindre étincelle, peut le faire basculer dans le même camp que son camarade de toujours.
Mine de rien, "Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête" décrit un état du monde dans lequel l'état de la psychanalyse pose plus de problèmes que les disciples de Freud peuvent en résoudre.
En ne choisissant pas un point de vue tranché sur son personnage, en n'optant ni pour en faire un vrai paranoïaque ni pour condamner comme notoirement abusive la volonté de ses proches de l'interner, Ilan Klipper et son co-scénariste Raphaël Neal laissent au spectateur la possibilité de choisir quel Bruno Wentraub Laurent Poitrenaux est vraiment.
Cette liberté, qui participe au charme du film, sera sans doute la raison principale pour laquelle beaucoup n'accepteront pas le film et encore moins sa résolution en pointillé.
Pourtant, "Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête" d'Ilan Kippler est un film déjanté qui échappe à toute logique et qui fait de son personnage central un héros plus kafkaïen que freudien dans une œuvre qui, pour une fois, pourrait vraiment se réclamer de l'éclectisme qui caractérise celles de Woody Allen.
On recommandera aux convaincus d'aller au plus vite savourer cette comédie post-moderne dont la fragilité est aussi l'un des attraits. |