Comédie dramatique conçue et mise en scène par Camille Bernon et Simon Bourgade d'après un montage de textes, avec Camille Bernon, Pauline Bolcatto, Pauline Briand, Baptiste Chabauty et Mathieu Metral. Pour "Change Me", la première création de la Compagnie Mauvais Sang, dont ils assurent l'écriture et la mise en scène, les jeunes comédiens issus de la promotion 2015 du CNSAD Camille Bernon et Simon Bourgade ont choisi les thèmes de la dysporie de genre et de la transophobie.
A cette fin, ils ont utilisé comme ressort narratif un tragique fait divers étasunien intervenu en 1993, le viol et l'assassinat de Brandon Teena qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique réalisée par Kimberly Peirce sous le titre "Boys don't cry".
S'ils n'atteignent pas le but ambitieux, comme indiqué dans leur note d'intention, de "forger un mythe contemporain", ils livrent un docudrame avec une monstration fictionnelle transposée dans le milieu des cités de la banlieue française.
Et il la place sous des égides littéraire et théâtrale qui, toutefois, traitent du travestissement imposé et de l'homosexualité féminine, la métamorphose d'Iphis d'Ovide et "Iphis et Iante", sa déclinaison dramatique du 17ème siècle, sous la plume de Isaac de Benserade dont l'insertion de quelques répliques offrent un édifiant contraste avec la langue vernaculaire des protagonistes contemporains.
Axel (Camille Bernon), un jeune "mec" à la frêle allure de "tomboy" qui aime les filles et les bagnoles, s'est acoquiné avec deux "vrais" mecs, des bad boys oisifs et "bas du front" (Baptiste Chabauty et Mathieu Metral).
Mais Axel a un sexe féminin, ce qui laisse désemparée sa mère (Pauline Bolcatto) , dont le dévoilement à l'occasion de sa relation avec sa petite amie Léna (Pauline Briand) va entraîner un déferlement de violence qui ressort davantage au sexisme primaire et à la blessure d'amour propre d'avoir été berné.
La scénographie au réalisme glauque de Benjamin Gabrié accentuée par les lumières "ad hoc" de Coralie Pacreau, comme la direction d'acteur, évoque le brutalisme "in-yer-face" des nineties britanniques.
Quant à la composition émérite de Camille Bernon, elle génère une émotion qui remplit sa mission compassionnelle. |