Comédie dramatique d'après une oeuvre de Vahé Katcha, mise en scène de Joël Coté, avec, en alternance, Bertrand Bouclet-Maffre, Christian Debray, Karelle Endomba, Stéphane Joyeux, Yohann Marchand, Isabelle Mopin, Sarah Ribatto, Alexandra Prassoloff, Samuel Rivot, Kathleen Rougier, Patricia Rosinel et Sophie Tchatchoua.

Sous le titre "7 contre 7", Joël Coté remet en lumière l'opus "Le repas des Fauves" de Vahé Katcha déjà connu des cinéphiles avec sa transposition filmique par Christian Jaque et révélé au grand public avec l'adaptation et la mise en scène de Julien Sibre moliérisées en 2011.

Ecrit au début des années 1960 comme un huis-clos sur le thème convenu du dîner entre amis qui vire au pugilat, la pièce se déroule dans un contexte historique particulier, celui de la Seconde guerre mondiale et, plus précisément pendant la période de l'occupation allemande.

Son intérêt réside dans le fait qu'elle soumet un microcosme de personnages archétypaux à la situation dramatique qui résulte de l'irruption de la réalité, en l'occurrence celle de la vengeance exercée en temps de guerre sous forme de représailles à l'encontre de la population civile, épreuve dont aucun ne sortira ni grandi ni indemne.

Soudainement, sept français moyens, de ceux qui brandissent l'étendard de l'apolitisme pour non seulement se pelotonner dans une quiétude égocentrée mais se dédouaner de toute responsabilité notamment au regard des atrocités commises, sont confrontés à l'ordre donné par un commandant de la gestapo de désigner deux d'entre eux comme otages pour remplacer les meurtriers en fuite de deux officiers allemands, et à défaut, tous seront exécutés.

Ecrite au début des années 1960, cette pièce qui sert de sérum de vérité révélant les faiblesses et bassesses de la nature humaine, entre en résonance temporelle avec des études de psycho-neurologie sociale et comportementale, telle celle dite "dilemme du tramway", qui évaluent les comportements selon les axes opposés de l'éthique normative et de l'éthique de la vertu.

Et si l'auteur recourt au stéréotype parfois appuyé c'est pour mieux se focaliser sur l'éventail des visions tant morales qu'opportunistes qui sous-tendent les contraires. Par ailleurs, la partition de Vahé Katcha est largement innervée de la satire burlesque dont usait le théâtre des avant-gardes russes avec des répliques comiques qui désamorcent le pathos mélodramatique.

Pour la mise en scène, Joël Coté a opté pour un entre-deux entre réalisme et burlesque et dirige efficacement les comédiens de la troupe de la Compagnie Bob & Aglaé distribués en alternance qui naviguent avec justesse entre les deux registres pour porter cette confrontation dont l'humour noir vire au rire jaune.