C’est une véritable épopée que nous propose Marie Barthelet avec son deuxième roman, Damalis, publié aux éditions Buchet-Chastel. Sur un peu plus de 620 pages, elle nous fait voyager, dans le temps et dans l’espace, autour d’un personnage principal, Damalis, en Grèce, 604 ans avant J-C.
Après avoir eu une jeunesse dorée, Damalis, fils de chef Thrace, se retrouve capturé, après le massacre de sa famille et la destruction de son village. Considéré comme "un barbare" par les grecs qui l’ont asservi, il se retrouve vendu adolescent à une famille d’aristocrates de Milet, cité-Etat de la cote anatolienne. Damalis, son nom, lui sera donné par cette famille.
Damalis va devoir s’adapter à la famille de son acheteur, faire face aux fils de la famille, un certain Iros qui va l’embarquer dans certaines galères. Il va devoir apprendre ce qu’est la soumission, lui que l’on entraînait à devenir un futur chef de guerre en Thrace. Son salut viendra de sa maîtresse qui, le prenant en pitié, va lui ouvrir les monde de sa civilisation en le confiant à une hétaïre. Il va alors apprendre une langue et une culture qu’il ne connaît pas et qui n’est pas la sienne. Curieux et intelligent, Damalis va progressivement appréhender cette langue puis la maîtriser, aidé par Néphé, l’hétaïre.
Assez vite, il va devenir un esclave instruit, connaissant les grands auteurs grecs, ce qui va lui permettre d’obtenir une certaine reconnaissance de la part de ses maîtres. C’est par les connaissances que l’on se libère, c’est bien connu et Damalis en est l’exemple.
Enseignant l’histoire, vous imaginez bien que ce livre m’a beaucoup plu de par sa dimension historique. Cette histoire, centrée autour du personnage de Damalis et de son épopée permet de bien cerner l’organisation d’une cité grecque à cette époque ainsi que les mœurs de ses populations. Le lecteur se retrouve plongé au milieu des coutumes et des fêtes grecques, religieuses ou civiques. La guerre est aussi très présente dans l’ouvrage, lui donnant une dimension politique tout en plaçant une intrigue faite de complots et de luttes de pouvoir pour accompagner le lecteur. Damalis, esclave à Milet se retrouve en fait au milieu d’un affrontement entre sa ville de capture et le Royaume voisin de Lydie. A l’époque, les conflits entre cité-Etat étaient nombreux, les combats violents et meurtriers. Le livre croise donc deux histoires ; celle de Damalis mais aussi celle de Milet qui résiste aux assauts répétés des troupes Lydiennes.
Marie Barthelet nous offre donc une jolie leçon de culture grecque au travers de l’histoire incroyable de ce jeune homme. Elle réussit à nous tenir en haleine sur plus de 620 pages, parvenant à développer un sentiment d’empathie à l’égard de Damalis car elle arrive à nous entraîner dans la psychologie et les pensées du personnage. On souffre avec lui, on se cultive à ses côtés, on craint pour sa vie à quelques moments aussi.
Pour finir, l’écriture de Marie Barthelet est à la hauteur de la dimension épique de l’histoire qu’elle raconte. Damalis est un très beau livre dans lequel aventure, fureur et passion sont au rendez-vous, pour notre plus grand plaisir. |