Jake Shillingford nous revient d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Le temps où ce petit blondinet était à la tête d'un groupe mythique et presque mort-né, mis à mal par la presse et boudé par le public, nommé My life story. Plein de cordes, de paillettes et d'arrangements incroyables qui auraient pu damer le pion à l'époque à un certain Neil Hannon mais ce ne fût pas le cas comme vous l'avez deviné.
Il y a quelques années, Jake était revenu avec un projet intitulé Exile Inside et était passé à nouveau particulièrement inaperçu en tout cas pour ce qui est de notre côté de la Mancha !
Néanmoins grâce à une sorte de fonctionnement "communautaire", en demandant à ses fans de lui faire confiance en avançant quelques deniers, cet été voit la renaissance de l'increvable et indéfectible Jake avec un nouvel album de Exile Inside intitulé Ei060.
Si tout commence avec une grosse guitare et une mélodie qui fait vaguement pensé à du Sonic Youth mal réveillé, on reprend pied rapidement dans l'univers luxuriant et popeux à souhait que l'on connaît du personnage.
La voix de crooner est toujours là, les mélodies impeccablement tordues aussi mais il faut reconnaître qu'il manque sur ce disque les moyens de ses ambitions et sans doute que les moyens manquants pour produire ce disque ne sont pas étrangers à l'importante présence d'électronique sur l'ensemble du disque… Ou alors tout cela est fait exprès, Jake a décidé d'abandonner sa marque de fabrique définitivement et de passer à l'électro. En tout état de cause c'est peut être la seule chose que l'on pourrait reprocher à cet album.
En effet dès que l'électronique est mise en arrière plan, ce sont de superbes morceaux qui s'offrent à nous, comme "Marianne" et son riff de guitare simpliste mais totalement hypnotique sur lequel la voix se pose tout en douceur sans artifice superflu.
A l'opposé, on trouve "The taste of her mouth", morceau électro entre Xymox et New Order, assez hors du temps à défaut d'être intemporel. Sorte de néo new wave revisitée qui reste assez froid malheureusement.
Néanmoins, des titres comme "Zero X", plus rock, remonte largement le niveau et dans l'ensemble ce disque mérite d'être découvert et des titres comme "Breath in / Breath out" ou "Opaque" méritent de s'y attarder un peu.
Avec Ei060 les nostalgiques dont je suis y trouveront leur compte, tout comme, je le souhaite parce que le personnage le mérite, les nouveaux venus dans le petit monde poético philosophique de Jake Shillingford y trouveront le leur avec un son qui pour le moins ne peut pas vraiment être qualifié de mainstream !
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