Si vous imaginiez encore les musiques traditionnelles comme une sorte de folklore mourant réunissant des danseurs costumés d’un autre temps alors vous vous fourrez le doigt dans l’œil bien profondément.
Les musiques traditionnelles sont bien vivantes, même quand elles étaient raillées ou bâillonnées, elles ont toujours su évoluer sur les places des villages (surtout dans le sud-ouest et en Auvergne mais pas que), dans les conservatoires de musiques où elles commencent à trouver la place qu’elles méritent et dans la création avec des groupes comme La Tène, le collectif La Nòvia, Aronde...
Ernest Bergez de son côté combine à un matériau premier (airs à danser, ritournelles et chants en français ou en occitan), tout un environnement sonore électro-acoustique, le tout mélangé à ce qui pourrait ressembler de loin à un bric-à-brac sonore où percent des influences d’Oranie et d’ambient.
Le musicien qui ne fait suivre que la longue habitude de la musique "classique" d’utiliser les musiques traditionnelles pour les confronter à leurs univers (du moyen-âge à Bartók ou Stravinsky) interroge la corrélation entre paroles et les interconnexions électro-acoustiques, travaille sur chaque timbre et résonance, sur la densité sonore, sur chaque forme, sur chaque tonalité, sur chaque matière, sur le rythme... Comment faire du neuf avec du vieux ! Beau et entêtant, une véritable expérience sonore.
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