Oppressant, vous avez dit oppressant ? Cam Deas nous avait, jusqu'ici, habitué à livrer des albums acoustiques, aux guitares folk dans la veine d'un John Fahey et dans une la grande tradition américaine. Quelle mouche l'a piqué ? On ne sait pas. Toujours est-il que le Britannique sort ces jours-ci un album électronique d'une présence remarquable.
Plus qu'un album de compositions, il s'agit là d'un disque de textures, d'oppression musicale. Sombre comme du Dark Ambient, remuant comme de l'IDM et abscons comme de l'Abstract, cet objet électronique difficilement classable ressemble au bourdonnement d'un nid de guêpes prêt à vous assaillir à chaque seconde. En effet, Cam Deas se fait un malin plaisir de vous mettre dans une situation inconfortable du début à la fin, vous laissant peu de temps pour reprendre votre respiration entre deux courses effrénées.
Pourtant, le disque ne propose aucun rythme, aucune structure dansante ou même, aucune ligne mélodique identifiable. Rien ici ne vous accroche, si ce n'est une sorte de boule au ventre agissant sur vos nerfs. Les quelques battements distillés parcimonieusement ne sont là que pour marteler une sorte d'indus passé à la sauce Prurient ou ses dérivés avec, néanmoins, une forme d'agression presque plus sournoise. En effet, les textures ne sont jamais frontalement violentes, mais vous plongent dans le noir, comme dans un couloir sans fin vous amenant plus à la suffocation qu'à la rêverie.
Si vous prenez le temps d'écouter le reste de la discographie de Cam Daes, vous ne manquerez pas d'être surpris car l'on se demande encore comment ce descendant direct de John Fahey a fait pour accoucher d'un disque aussi radicalement électronique et sombre, comment passe-t-il d'une coque ensoleillée à l'âme noire d'un soleil éteint ? Un disque froid mais sacrément bien enlevé, pour les amateurs de musiques électroniques chargées d'une couleur horrifique qui fait froid dans le dos.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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