Comédie dramatique de Benoit Solès, mise en scène de Tristan Petitgirard, avec Benoit Solès et Amaury de Crayencour. Après avoir inspiré au cinéma "The Imitation of game" réalisé en 2014 par Morten Tyldum, la vie et l'oeuvre du mathématicien anglais Alan Turing, concepteur d'une machine pensante éponyme aïeule de l'ordinateur, décrypteur du code nazi Enigma demeuré anonyme et condamné pour homosexualité réhabilité et gracié à titre posthume en 2013, est transposée sur scène par Benoit Solès.
La partition de "La Machine de Turing", à la construction en flash-backs et à la dramaturgie efficace par sa gestion de la distanciation par l'humour et de l'émotion, parvient à l'hybridation harmonieuse du biopic, de la quête scientifico-mystique, en l'espèce "la recherche de la logique du monde sous la pureté formelle des équations", du mal-être psychologique et des drames collatéraux engendrés par la stratégie militaire en temps de guerre.
Ecrit par un comédien pour des comédiens, l'opus bénéficie de la mise en scène rigoureuse et de la direction d'acteur au cordeau de Tristan Petitgirard et d'une superbe scénographie de Olivier Prost qui use de manière aussi intelligente et polysémique, qu'esthétique et pertinente de la projection vidéo pour situer les lieux comme la combinatoire informatique.
Aux côtés de Amaury de Crayencour qui interprète de manière convaincante les différentes figures masculines qui traversent l'itinéraire tragique de cet avatar wildien du 20ème siècle et véritable suicidé de la société, l'interprétation de Benoit Solè s'avère émérite.
En effet, il réussit une prestation émérite et une composition incarnée du génie précoce et sociopathe douloureux, du nerveux bègue et onychophage fasciné par la pomme du conte "Blanche Neige" et du "savant fou" hypersensible.
Donc une proposition de très belle facture. |