Drame poético-musical d'après l'oeuvre éponyme de Paul Claudel, mise en scène de Tarik Benouarka, avec Mélodie Le Blay, Danièle Meyrieux et Pauline Moingeon Valles accompagnées par la musicienne Eléonore Siala Bernhardt.
La nuit du solstice d'été, sur une terrasse au dessus du Rhône, trois femmes partagent leurs attentes. Il y a Laeta la plus jeune et fiancée, Fausta, séparée de son époux et Beata, veuve.
Texte rare de Paul Claudel écrit en 1911-1912, d'une poésie et d'un lyrisme inégalés, "La Cantate à trois voix" n'est que rarement joué. Danièle Meyrieux a souhaité le faire connaître et Tarik Benouarka assure la mise en scène.
De fins voilages, un rocher, une odeur d'encens. Le public dès son arrivée est transporté par la grâce de la scénographie, des somptueux costumes de Victor Feres que portent les trois comédiennes, de la musique envoûtante de Tarik Benouarka et des mots sublimes de Paul Claudel.
Chacune leur tour pour des monologues, les "cantiques", elles viennent dire dans un long poème superposé à la musique, jouée parfois en direct par la violoncelliste Eléonore Siala Bernhardt, leurs espoirs, leurs doutes et leurs sensations, célébrant la nature et le divin.
Phrases enchassées et musicales empreintes de sensualité et de grâce, texte organique que les comédiennes restituent avec une singulière flamboyance, "La Cantate à trois voix" n'en finit pas de charmer par le son ou par l'image sous les lumières fines de William Orrego Garcia.
On admire l'aisance et la sensibilité de Mélodie Le Blay (Laeta), la force et l'émotion de Pauline Moingeon Valles (Fausta), la présence et la sérénité de Danièle Meyrieux (Beata) qui, toutes trois au diapason, s'écoutant et se répondant sans cesse, font vivre le génie de Claudel dans cette oeuvre d'une puissance stupéfiante et d'un souffle ininterrompu.
La musique de Tarik Benouarka suspend le temps dans ce moment de poésie exceptionnel et fascinant que les comédiennes rendent magique. Un spectacle qui glisse comme un songe.
Un délice. |