"Ce livre a la puissance et la beauté d’une tragédie antique : à chaque page la passion, l’obsession et la lutte pour la liberté se heurtent au destin et à la violence de la société. C’est en même temps un roman radicalement contemporain qui m’a bouleversé autant par son langage rythmé, scandé, viscéral, que par sa manière de renouveler les thèmes de la mémoire, de la fuite, du désir, ou de la mélancolie. Un texte capital." Edouard Louis
Un texte capital en effet, comme nous le concède Edouard Louis, que cet ouvrage de Garth Greenwell, auteur américain qui vient de publier chez Rivages, Ce qui t’appartient. Le livre a connu un immense succès aux Etats-Unis, étant salué comme "le choc de l’année" par toute la presse internationale.
Ce qui t’appartient raconte une histoire d’amour hors du commun entre deux hommes que tout oppose. L’un est un intellectuel américain, professeur de littérature en exil à Sofia ; l’autre, Mitko, est un jeune homme bulgare, un prostitué totalement insaisissable. Leur histoire se place immédiatement sous le signe du désir, de la passion et de l’inégalité de classe aussi.
Leur histoire est construite autour de trois parties aux titres évocateurs : Mitko, Tombeau et Vérole. On suit d’abord leur rencontre, dans les toilettes du National Palace of Culture, une première rencontre tarifée. On suit ensuite l’évolution de leur histoire, faite d’éloignements et de retrouvailles.
Au travers de leur relation se dévoilent pour les deux personnages des éléments de leur personnalité et de leur histoire. Le professeur de littérature se souvient comment il a découvert son attirance pour les hommes et dévoile ses relations avec son père homophobe. Mitko, lui se rend compte qu’il n’a jamais réussi à faire le deuil de son premier amour. L’auteur prend soin de nous raconter leur histoire, particulièrement celle de l’américain, notamment au travers de sa jeunesse aux Etats-Unis, dans la seconde partie, tombeau, qui mêle honte et violences subies.
Dire que la plume de Garth Greenwell est belle est un euphémisme tant il se dégage de ce livre une beauté sidérante. Garth Greenwell fait partie de ces auteurs qui marquent le lecteur, de ces livres dont on se souviendra. Son écriture foudroyante nous dévoile des sentiments multiples qui sont exprimés de façon clinique. Des sentiments qui s’emmêlent au fil des pages, conséquence de la relation tarifée entre les deux hommes et de leur différence sociale.
De ces phrases longues et sensuelles, faites de beaux mots, de mots bulgares aussi et d’autres mots beaucoup plus crus, Garth Greenwell nous dévoile donc la profondeur de ces sentiments dans ce qu’ils ont de plus beaux mais aussi de plus sordides. Il possède aussi une écriture incroyable pour décrire le désir et la passion qui sont au cœur de ce premier roman. Les scènes de sexe, présentes dans le livre, sont aussi particulièrement belles et la fin est absolument déchirante.
C’est donc un roman poignant, un premier roman magistral que nous offre, et le mot est faible, Garth Greenwell avec ce magnifique Ce qui t’appartient. Un roman qui traite de sujets importants, de l’homosexualité à la solitude en passant par la maladie. C’est aussi un grand roman sur l’enfance et sur la relation au père.
Alors voilà un nouvel écrivain qu’il va falloir suivre avec attention, une découverte que l’on doit aux éditions Rivages. |