Voilà une bien belle réédition que celle de l’ouvrage de Daniel Bilalian, Le camp de la goutte d’eau, publié en 1980 et qui ressort aujourd’hui, toujours aux Presses de la Cité. Daniel Bilalian fait partie de notre paysage audiovisuel. Tout le monde connaît ce journaliste, qui débuta comme grand reporter à Antenne 2, qui présenta entre 1982 et 2004 le journal télévisé et qui fut aussi directeur général adjoint du groupe France Télévisions, en charge des sports.
On connaît par contre beaucoup moins l’écrivain, lui l’auteur d’un ouvrage publié en 1980 ayant pour nom Les évadés qui a été réédité en 2016. Devant le succès rencontré par cette réédition, les éditions Presses de la Cité ont décidé d’en faire de même avec un autre de ces livres, paru aussi en 1980, Le camp de la goutte d’eau.
Dans son ouvrage, la volonté de l’auteur était de nous raconter l’histoire d’un camp bien particulier, ouvert en Ukraine en 1942 par les nazis destiné à briser à tout jamais les prisonniers de guerre français récidivistes de l’évasion. Son nom, le camp de Rawa Ruska ! Son sinistre surnom, le camp de la goutte d’eau vient du fait qu’il avait la particularité de ne disposer que d’un seul robinet pour des milliers de prisonniers.
Avec cet ouvrage, l’auteur a voulu récolter le récit des prisonniers de guerre qui ont risqué leur vie pour rentrer au pays, retrouver la liberté ou reprendre le combat. C’est donc leurs tentatives d’évasion que nous raconte l’auteur au travers d’aventures émouvantes, dramatiques mais aussi parfois burlesques. S’échapper de ce camp apparaissait comme impossible et pourtant ils l’ont fait.
Ces hommes qui se sont échappés, Daniel Bilalian les a rencontrés pour écrire son livre au début des années 80 et aujourd’hui un très grand nombre ne sont plus là. Parmi eux se trouvait le père de l’auteur, prisonnier quelques temps dans un autre camp. Vous l’avez donc compris, à travers ce livre, Daniel Bilalian a voulu leur rendre un immense hommage en laissant une trace écrite sur ces personnes qui n’ont jamais baissé les bras.
Un ouvrage important donc, pour comprendre de nouveau les horreurs du régime nazi au travers d’un camp qui n’est pas le plus étudié. Il nous montre un camp bien particulier qui est utilisé pour décourager les volontés d’évasion tout en montrant que les allemands avaient besoin de ces prisonniers pour en faire une main d’œuvre nécessaire à l’économie de guerre.
Mais pour autant, on voit bien que ces prisonniers de ce camp n’ont qu’une seule idée en tête, celle de s’évader, en inventant tous les stratagèmes possibles, du plus sérieux au plus burlesque. Leurs conditions de détention sont terribles, parfaitement décrites dans le livre, fruit du témoignage de ces anciens prisonniers. Il nous montre la force morale de ces prisonniers qui tiennent grâce à la solidarité qui se développe entre eux.
Et puis il y a ce projet d’évasion qui prend une place importante dans le livre, autour de la construction d’un tunnel, digne d’un grand film d’aventures.
Le camp de la goutte d’eau est donc un ouvrage important de témoignages, de devoir de mémoire aussi. C’est donc un ouvrage passionnant que nous proposa Daniel Bilalian il y a 38 ans, qui ne semble pas avoir vieilli avec le temps et cette réédition. |