Comédie dramatique de Marius von Mayenburg, mise en scène de Maïa Sandoz, avec Serge Biavan, Maxime Coggio, Paul Moulin, Maïa Sandoz et Aurélie Verillon. Avec "Stück Plastik, une pièce en plastique", le dramaturge allemand Marius von Mayenburg se livre aux plaisirs ironiques du double jeu théâtral, et du second degré, dont celui avec le spectateur, en appliquant sa plume scarificatrice à une hybridation paradoxale.
Celle d'une satire du théâtre bourgeois contemporain, avec une version germanique du boboïsme à la Yasmina Reza, et une variation en symétrie négative du scénario du film "Théorème" de Pier Paolo Pasolini en substituant, à la révélation, induite par la présence d'un inconnu christique, et dans la même optique marxiste, l'implosion des protagonistes autoconsumés par leur vacuité et leur veulerie.
Celle-ci intervient par l'engagement d'une femme de ménage dont l'apparent stoïcisme chrétien face aux humiliations cache une force d'inertie marmoréenne plus efficace qu'une vaniteuse rébellion. Ainsi elle officie comme un miroir sans tain qui décape la bonne conscience d'un archétypal microcosme bourgeois, méprisant, cynique et obséquieux, qui se gargarise de bons sentiments affichés envers "la populace".
A la mise en scène, après son réussi triptyque mayenburgien "Le Moche", "Voir Clair" et "Perplexe", Maïa Sandoz également au jeu dans le rôle de l'employée de maison, ne parvient pas à réussir la passe de quatre en optant pour une configuration quadrifrontale qui demeure un dispositif laborieux, du parti-pris de cinétisme, au détriment de l'intensité dramaturgique, et de l'hyper-réalisme au lieu du surréalisme.
Ainsi, dans un décor archétypal de salon de "bobos" conçu par Catherine Cosme, canapé d'angle blanc, table basse et poufs galets sous un dais verduré et ampoules à filament, se démènent un couple de frustrés, lui médecin libéral rêvant de médecine humanitaire (Paul Moulin), elle artiste ratée (Aurélie Verillon) devenue assistante d'un artiste contemporain mainstream spécialiste des installations vivantes (Serge Biavan), et leur fils pré-adolescent névrosé qui filme tout ce qui bouge (Maxime Coggio).
Et l'inexorable dénouement de ce conte moderne se déroule sous un regard pour le moins impavide, celui de la bonne. |