Comédie dramatique de Jeffrey Hatcher, mise en scène de Anne Bouvier, avec Jean Pierre Bouvier et Sylvia Roux.

Paris en 1941. Dans une cave que des rais de lumière percent à travers un soupirail, Pablo Picasso convoqué dans ce dépot encombré d'un amas de caisses à dessin et de malles diverses (belle scénographie de Charlie Mangel) va être entendu par Mademoiselle Fischer, adjointe au ministère allemand à la culture.

Trois dessins du peintre ont été confisqués et doivent être authentifiés par lui pour une exposition en Allemagne servant en réalité d'autodafé. A la veille de ses 60 ans, Picasso est prêt à défendre chèrement ses oeuvres dans ce combat qui l'oppose au régime nazi.

C'est alors un vrai face à face qui va avoir lieu. D'un côté, le peintre au faîte de sa gloire qui va devoir expliquer la genèse de chacun de ses trois tableaux dans un jeu de poker menteur dans lequel il pourra peut-être ne pas tout perdre. De l'autre, une fonctionnaire zélée mais dont le vernis craque à mesure que transparaît sa passion pour la peinture, et pour le grand peintre espagnol en particulier...

Jeffrey Hatcher avec la pièce "Un Picasso" (bien adaptée par Véronique Kientzy) installe une jolie confrontation entre deux êtres réunis par la peinture dans un texte qui, à travers différents aspects (historique, romantique, psychologique) propose une vraie réflexion sur la condition de l'artiste et la liberté.

Ce duel est interprété par deux comédiens aux antipodes. Sylvia Roux est une Mademoiselle Fischer d'abord froide et énigmatique qui tient tête au grand peintre mais qui peu à peu découvre son intérêt pour ses toiles et sa fascination pour lui. Un beau travail.

Ce tête à tête tout en tension mêlée de sensualité est dirigé de main de maître par Anne Bouvier qui réussit avec ce spectacle un passionnant affrontement autour de l'oeuvre et de la personnalité d'un des plus grands artistes du 20ème siècle.

Une flamboyante réussite.