Les plus cinéphiles d'entres vous se rappellent sans doute de la tirade culte de Mark Renton, le héros de Trainspotting, incarné par Ewan Mac Gregor, lorsqu'il déclare "C'est nul d'être écossais, on est les derniers des derniers, on a même pas été foutus d'être colonisés par un peuple décent » (ndlr : les anglais).
On peut aisément tempérer cette diatribe en apportant une série de contre exemples. Bon, certes, il y a la pluie, le froid, l'ennui, et dans le genre glamour Glasgow est aussi avenante que Villeneuve Saint Georges (charmante cité située sur la ligne D du RER….)
Mais sans l'Ecosse, pas d'Aztec Camera, d'Arab Strap, de Belle And Sebastian ou… d'Edwin Collins, soit tout un pan de la musique pop britannique. Pour beaucoup, ce dernier (Collins) reste l'éternel crooner gominé au tube unique et au succès fulgurant, "A Girl Like You", puisqu'en 1996, ce titre tournait à fond sur les FM et donnait lieu à de mythiques scènes de dragues dans les Macumbas de Navarre.
Les garçons croonaient devant les filles sur le dance-floor, dans un anglais peu orthodoxe: "And I've Never Met A Girl Like You Before", en louchant fortement vers le décolleté de ladite demoiselle repérée deux minutes auparavant. Donc en gros, le genre de type qui pond une tuerie, empoche le magot et disparaît aussi sec. Non, Non Non et Non !!!!!!! Car même si ce succès semblait précipité, il ne l'avait pas volé le bougre.
On peut même aller jusqu'à dire qu'il était tardif ce succès, puisque le bonhomme avait déjà largement œuvré pour l'histoire de la pop indé, et ce dès le début des années 80, au sein des trop longtemps ignorés Orange Juice. Car sans ce groupe et une poignée d'autres (l'Aztec Camera de Roddy Frame, Joseph K), point de ce que l'on appelle communément "la pop à ligne claire".
Au début des années 80 les groupes anglais étaient soit en train de courir après les Sex Pistols, soit en train de s'acheter des synthés et de se travailler la mèche pour le mouvement néo romantique/ New Wave. De leur côté, Collins et quelques camarades prirent la tangente, l'air de rien… Ils concoctèrent une musique guillerette, principalement inspirée par la pop américaine et la musique soul.
Cette compilation Glasgow School regroupe les premiers efforts du groupe pour Postcard, le label tenu à l'époque par Alan Horne, un étudiant d'Edimbourg. Ce recueil arrive à point nommé car il permet d'écouter des trésors qui étaient devenus quasiment introuvables.
La première partie de cette copieuse collection regroupe les premiers simples du groupe, enchaînés face A/face B. Mis à part la qualité du son qui date au carbone 14 la production antique, l'ensemble des compositions sonne incroyablement frais. Difficile de résister aux guitares sautillantes de "Love Sick"ou de l'incroyable et fédérateur "Simply Thrilled Honey". Le marque de fabrique du groupe tient en peu de choses : Une basse ronde, véloce et diabolique et des guitares claires, aiguës mais aux mélodies imparables.
La deuxième partie du disque compile les onze morceaux du premier disque du groupe, Ostrich Churchyard, qui restent dans la même veine que les singles. L'écoute de ces vingt morceaux permet d'apporter un éclairage précis et limpide sur l'indéniable influence du groupe sur l'esthétique pop indé anglaise qui allait débarquer quelques années plus tard. Edwyn Collins et ses sbires ont indéniablement ouvert la voie aux Smiths mais à l'époque, bon nombre sont ceux, même les critiques, qui sont restés sourds aux mélodies classieuses et racées d'Eddie.
Glasgow school ? La meilleure antisèche pour les amateurs de pop indé qui ont fait l'impasse sur Orange Juice.
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