Voilà un jeune groupe qui commence à faire un peu parler de lui. A moitié Toulousain, Princess Thaïland développe une musique brute et maîtrisée, lente et ardente. Si les membres du groupe viennent plutôt de la musique psychédélique, au sein de Sound Sweet Sound ou Telescopes, ce nouveau projet musical trouve sa place dans la galaxie post-punk quelque part entre The Birthday Party et PiL (notamment le grand disque de leur retour This Is PiL).
L’album commence par des sons quelque peu industriels, noise, la chanteuse Aniela fait son entrée de sa voix possédée, de son chant imploratoire puis, toujours dans une ambiance lente et sonore, monte petit à petit une flûte envoûtante, un peu indienne. La couleur est donnée.
L’album, serions tenté d’écrire, va crescendo avec, toujours, une solide structure basse, batterie, et un chant puissant, abrasif. Les guitares saturées font le reste. L’album va crescendo jusqu’à l’avant dernier morceau ("I can see") plus proche Sonic Youth que de PiL, puis se clôture avec "Drone Under", qui porte bien son nom, rappelant le premier morceau (cet ultime titre n’est pas le plus convaincant, d’ailleurs).
Si c’est toujours nerveux, tendu, l’explosion est bien souvent retenue, contenue, l’explosion ne vient jamais mais la tension est palpable : c’est par là que passe l’intensité, par la retenue, non dans le déferlement bien trop facile et paresseux. Les prises de son, live, sont chaudes et puissantes et le mixage laisse leur place aux instruments. Il y a une belle profondeur sonore. Voilà un album qui sonne ! Voilà des compositions qui prennent le temps, pas moins de 40 minutes pour 6 titres.
On sent l’aisance dans ce rock qui ne cherche jamais à passer en force, qui ne joue des effets et des références. En somme, et c’est suffisamment rare pour être souligné, la musique de Princess Thaïland n’est pas un rock de petit malin, de petit poseur. Et ça fait du bien ! Ça fait du bien d’entendre un post-punk au groove franc, un post-punk à la fois tendu et alenti, tortueux et nerveux retenu.
Parions qu’après Michel Cloup et ses divers projets (Diabologum, Expérience, Michel Cloup Duo) et qu’après les géniaux Aquaserge, Toulouse (ville plus connue pour Zebda, Bigflo et Oli ou Cats on Trees) tienne là un nouveau grand groupe de rock. Espérons que Princess Thaïland suscite l’intérêt qu’il mérite.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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