On divague, on erre, on déambule de salle en salle; c'est bien. Quelques fois on découvre des artistes, des musiciens, des gens qui tapent sur des instruments. Et parfois la surprise est juste derrière la porte. Comme au Nouveau Casino avec une soirée réunissant les jeunes pousses de Bed et Piano Magic. Des artistes pas connus et des chansons qui gagneraient à l'être, ca change.
Bed ouvre donc les hostilités avec une mise en bouche alléchante, New Lines dans les bacs depuis le 17 octobre, avec un rock électro du meilleur effet.
La bande à Benoit Burello, si elle ne crève pas l'écran par son charisme, impressionne tout du moins par son set nerveux en diable. Public inerte, c'est une habitude, mais des titres funkisants à souhait, évoquant mille et une chose…
Gang of four, Radio 4 pour les plus jeunes, mais également le Krautrock dans son ensemble, le rock allemand et ses délices. Il est en effet rare de voir la basse placée au centre du mix. La basse comme ligne directrice me direz vous ; c'est ainsi, Bed possède une poignée de compositions ("Newsprint", "A new start") pas dégueus.
Physiques d'adolescents atardés, et voix monocorde, la bande à Bed s'accorde bien. La rythmique entraîne et les synthés sont cheaps, et le public toujours atone, bien que venu en masse. Peut-être sont-ils venus voir Piano Magic, combo franco-anglais ayant déjà roulé sa bosse ? Au vu de l'accueil réservé au groupe, on suppose que oui.
Le charisme et l'attitude aidant, Piano Magic n'a que peu de mal à mettre la salle en branle. "Hi, we're the Babyshambles" introduit Glenn Johnson (chant, guitares), "at last we could make songs from Babyshambles" surencherit-il... Hilarité générale et partie déjà gagnée.
Venu défendre Disaffected, le dernier né, Piano Magic entame son set avec un "The Nostalgist" simplement envoûtant. L'ambiance tamisée et les regards complices, Glenn Johnson et les siens distillent les chansons lancinantes du dernier album avec une langueur jouissive, à la limite de l'expérimental.
Il va sans dire que le dandysme de Glenn atteint des sommets, l'œil torve, la mèche molle et les manières, et l'on s'enfonce lentement dans le spleen heureux. Cette chanson est pour les gens morts prévient Glenn, il a bien raison, "Your Ghosts", chanson livide du dernier opus, saisit par sa froideur calculée et sa dépression. Saisissant.
Plus qu'un chanteur, plus qu'un guitariste rythmique, Glenn Johnson est un crooner du morbide, et le prouve en acte. Le temps de rappeler son mépris des rappels, le sieur délivre un "Password" à pleurer tellement c'est beau, et puis s'en va. Le temps de prendre un prozac pour se détendre, on se dit que la soirée valait la peine d'être un brin dépressif.
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