Comédie fantastique d'après l'oeuvre éponyme de Jean Cocteau, mise en scène de César Duminil, avec César Duminil, Joséphine Toby, Jérémie Chanas, Ugo Pacitto, Yacine Benyacoub et William Lottiaux. Pour son premier projet théâtral, la jeune Compagnie du Premier homme, fondée par des comédiens frais émoulus des Cours Raymond Acquaviva, a choisi la transposition théâtrale du mythe d'Orphée.
Et ce à l'aune de la partition singulière de Jean Cocteau qui, en a livré une version personnelle notamment par l'ajout de personnages et un registre stylistique naviguant entre symbolisme et surréalisme pour décliner sa thématique d'élection de l'épreuve initiatique et métamorphique du poète, qui a marqué les esprits par sa déclinaison filmique.
Maître d'oeuvre du projet en signant également la mise en scène et la scénographie, et avec la fraîcheur et la témérité de la jeunesse, César Duminil en propose une adaptation plaçant la légende des amants dans le genre de "la farce moderne, burlesque et onirique".
Une entreprise réussie avec un judicieux décor de bande dessinée, des costumes de Blanche Abel et maquillage dans la gamme de blancs, quelques astuces pour réaliser les effets fantastiques que comporte la pièce à machine originale et la belle qualité de jeu des interprètes.
Dans un univers d'aréalité vit Orphée, grand poète institutionnalisé,qui s'est doublement mis en danger, d'une part, en optant pour une nouvelle manière celle de l'écriture automatique des dadaistes, en l'occurrence dictée par le sabot du cheval qu'il a recueilli, et, d'autre part, en ayant épousé Euridyce dont la reine des Bacchantes, par jalousie saphique, va fomenter la mort.
Et tout commence avec une scène de ménage chère au théâtre de boulevard entre un Orphée égocentrique et une Euridyce délaissée efficacement campés par César Duminil et Joséphine Thoby découverts dans des comédies de Marivaux ("L'Epreuve" et "Les Sincères"). Dans les scènes subséquentes placées sous le signe d'une roborative loufoquerie, César Duminil assure la cohérence de registre de ses complices - Jérémie Chanas en ange-vitrier, William Lottiaux en faucheuse aux airs de diva transgenre et le duo d'anges de la mort virant pandores formé par Yacine Benyacoub et Ugo Pacitto - en évitant l'écueil du surjeu guignolesque. Annoncé comme proposant "un mythe fantastique dans une mise en scène décalée et une scénographie audacieuse", ce spectacle ne saurait encourir la critique de publicité mensongère et offre un divertissement non dénué d'humour, fantasque et léger comme une bulle de rêve.
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