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puce Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #46 (édition 2019) - Stella Lory
Interview  (Angoulême)  mercredi 23 janvier 2019

Le 23 janvier dernier, les éditions Warum & Vraoum publiaient Les Rois de la Mode, un album démontant avec allégresse les ridicules du monde de la haute couture. On y voit une bande de repreneurs aux dents longues qui viennent relancer une marque prestigieuse mais un peu poussiéreuse, sauf qu’au lieu des résultats mirifiques escomptés, la success story prend des allures de bêtisiers.

Cette bande dessinée pleine d’énergie a pour particularité d’être un premier album, tant du côté du scénario que de l’illustration : deux scénaristes anonymes (dissimulés derrière le pseudonyme de Camille Monge), connaissant le monde de la mode de l’intérieur, associés à une jeune illustratrice, Stella Lory, par l’entremise d’un éditeur audacieux, qui lui-même n’avait jamais mis en contact et géré un binôme scénariste-dessinateur. Une belle prise de risque, qui s’avère réussie.

Quelques jours après la sortie de l’album en librairie, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Stella Lory à l’occasion du Festival d’Angoulême.

Comment s’est passée cette construction d'album en collaboration ?

Stella Lory : Je n'avais pas encore fait de narration longue. J'avais fait du dessin de presse et de l'illustration, mais je voulais absolument faire de la BD et écrire un jour mes propres scénarios. J'ai rencontré dans un festival Wandrille de Warum & Vraoum, qui est un éditeur très accessible. Je lui ai montré mes dessins et il m'a dit que cela lui faisait penser à un scénario qu’il avait reçu. Ce scénario avait la particularité d'être déjà découpé et dessiné, mais en bonshommes-patates. Les deux scénaristes, qui écrivent sous pseudonyme, n'avaient jamais fait de scénario de bd avant, mais avaient un ami qui dessinait et qui les a guidés. Ils avaient essayé de raconter cette histoire sous une forme purement écrite mais ça ne fonctionnait pas.

Wandrille m'a envoyé le scénario dessiné, j'ai fait des essais parmi d'autres dessinateurs et la greffe a pris, peut-être parce que mes dessins ne sont pas loin d’être des bonshommes-patates améliorés : les personnages sont soit de grandes frites soit des ronds. Berlingo, le personnage principal, était presque dessiné déjà comme ça dans le story board et les mannequins étaient encore plus longilignes : je leur ai fait un tout petit peu de féminité mais l'idée était de les montrer bien maigres. Les scénaristes m'ont dit : "elles sont anguleuses, androgynes, ce sont des cintres", c'est comme ça qu'elles sont appelées dans le milieu.

Quand avez-vous commencé à travailler sur ce projet ?

Stella Lory : À l'été 2017, il y a un an et demi. J’ai envoyé des pages aux scénaristes, ils ont discuté et on s'y est mis. Le scénario était fait mais ils ont voulu le retravailler, donc on se voyait toutes les semaines, on prenait cinq ou dix pages à la suite et on rediscutait de tout, pas juste du character design mais des moyens d’améliorer la narration. Ils m'ont laissée faire plein de petits gags visuels en plus, tout en sachant vraiment ce qu'ils voulaient. Il ne fallait pas trop sortir des clous.

Dans la première version du scénario, il n’y avait pas de blagues visuelles comme le fait que Jipé Foucard, le président, ait toujours un café : c’est un ajout que j’ai proposé. Par exemple, je suis très fière de ce passage de la BD où l’on parle d'Anna Wintour et où Jipé commence à s'enflammer tout seul et à imaginer qu’Anna va adouber Berlingo. J'avais proposé de refaire le sacre de Napoléon, ce que j'ai fait avec mes petits moyens.

Notre trio est devenu une espèce d'entité, c’était symbiotique. On avait un atelier en commun et vers la fin, on est partis en vacances ensemble pour faire une vraie séance de travail intense et discuter de comment on allait finir l'album. On est montés en puissance, on était très contents de ce que l'on avait fait jusqu’à lors et on s'est dit qu'il fallait que l'on fasse quelque chose de béton pour la fin, au risque de casser notre spontanéité.

On a pu passer de longues plages horaires ensemble, où ils m'ont raconté leurs anecdotes du milieu de la mode, tout ce que l’on retrouve dans l’album. Par le passé j’avais travaillé dans des magazines qui parlaient de mode, mais plutôt de mode urbaine, et je ne connaissais rien du tout à cet univers. Je pense que c'est plutôt une bonne chose d'ailleurs car un style trop féminin pour cette bd n'aurait pas fonctionné ; au final, on a fait une bd mixte. D'ailleurs, parmi les gens qui sont venu se faire dédicacer l'album jusqu’à présent, il y avait autant d'hommes que de femmes.

As-tu adapté ton style ou es-tu restée sur ton énergie personnelle ?

Stella Lory : Mon style étant assez jeune, je pense que je l'ai adapté car il n'était pas encore très figé. Je pense même que ça m'a permis de comprendre ce que c'était que mon style. J'aime bien citer comme inspiration Bretécher et Catherine Meurisse parce que je trouve qu'elles ont ce talent de jeter le dessin sur la page et de ne pas essayer de séduire par le dessin. Elles aiment bien montrer ce qu'il y a de médiocre et de drôle, déformer les personnages en fonction de ce qu'ils vont faire ou dire. Là, les gens musclés sont hyper musclés, les mannequins sont trop maigres. C'est un peu disproportionné, on n'aime pas s'embarrasser des décors et de la perspective mais on veut faire des choses reconnaissables. Mon approche de la bd est que ça doit être amusant à regarder, on ne doit pas être là pour apprendre à dessiner. J'aime bien une certaine naïveté. D'ailleurs, les bd que je préfère lire sont celles où l’on sent l'influence des dessins d'enfant. On est beaucoup, je crois, à avoir essayé de faire de petites bd que nos parents gardaient, et j'aime bien les bd qui portent le souvenir de ces premiers dessins.

Il y a énormément d'énergie dans ton dessin, je perçois moins une naïveté qu'une volonté de créer des raccourcis efficaces qui créent une sorte de connivence avec le lecteur.

Stella Lory : Le but est de parler directement à l'imaginaire primitif ; ça ne cherche pas à impressionner, mais à entrer en connivence, à faire comprendre qu'il faut rire de tout. C'est pour cela que la rencontre avec les scénaristes a bien fonctionné, parce qu'ils voulaient être dans une moquerie un peu subtile. Ils sont en fait assez bienveillants avec ce milieu.

Cela se perçoit, il y a pas mal d'empathie : tout le monde est ridicule et en même temps on comprend tous les personnages, y compris dans les crasses qu'ils se font.

Stella Lory : On n'en déteste aucun il me semble. Même Berlingo, il est odieux avec tout le monde mais on voit les coulisses de sa vie. Il est adulé en fait, son assistant l'adore. C'est ce qu'ils ont voulu montrer, la sacralisation du directeur artistique qui pouvait être détestable et en fait touchant. Ils n'aiment pas le mot détestable d'ailleurs !

Comment as-tu réalisé les dessins ?

Stella Lory : J’ai fait des crayonnés et tout à la main à part la couleur. J'ai appris sur le tas. Au début, j'ai fait mes planches dessin par dessin, ce qu'il ne faut absolument pas faire : on croit que Photoshop permettra de tout rattraper mais c’est complètement faux, il faut faire la planche de A à Z au crayonné. Ensuit, j’ai fait l’encrage au feutre Micron. Après coup, on s'est rendus compte tous les trois que c'était le crayonné qui était le mieux ; les dessins ont perdu en dynamique avec l'encrage, ce qui arrive aussi à tous les dessinateurs. Le crayon a beaucoup plus de légèreté.

Ensuite je scannais mes planches, je les nettoyais et faisais de petites retouches, mais il ne faut pas trop faire ça. J'ai fait moi-même la couleur avec de l'aide parce que mine de rien un an c'est court et j'avais d'autres travaux de dessin à faire en même temps. L'album est très dense et jusqu'au moment où l’on a fini les 100 pages, on ne savait pas du tout comment on allait les mettre en couleur. Je ne l'avais jamais fait. On avait d'excellents conseils de l'éditeur, que j'ai refusés de suivre évidemment, comme une sale gosse ! On a envisagé une colorisation plus simple, en bichromie, qui aurait sans doute marché aussi. Avec le frère d'un des scénaristes et mon compagnon, Sylvain Repos, qui est aussi dans la BD, on a fait plein d'essais. On m'a proposé des solutions dont je me suis emparée ou pas, j'espère que le résultat est assez homogène.

Qu’as-tu préféré dessiner ?

Stella Lory : J'ai adoré dessiner Campanule. Les scénaristes avaient une idée précise de ce personnage, mais à deux cerveaux ça donne beaucoup d'informations contradictoires : il fallait qu'elle soit un peu androgyne, un peu sexy quand même, un peu sexuellement intimidante mais avec aucune sexualité, un peu spectrale… J'ai fait plein d'essais super différents et à un moment, j'ai compris qu'il fallait que ce soit moi qui décide. Je l'ai faite à ma sauce, avec toutes ces petites fleurs.

J'ai aussi adoré dessiner les voyages de Berlingo, quand il fait son tour du monde, chaque partie du monde était vraiment géniale à dessiner. Et tous les passages avec des huîtres ! J'aime bien dessiner les crustacés, du coup j’en ai mis partout. Il se gave de fruits de mer, ça n'a aucun intérêt narratif mais j’aimais l’idée de dépeindre le ridicule des restaurants et des rendez-vous d'affaires. J'ai essayé de cacher plein de petites références un peu partout. Par exemple dans la scène où il prépare un défilé, on voit un maquilleur qui s'occupe d'un mannequin : j’ai dessiné le maquilleur d’après Sess, un autre auteur de chez Warum qui est aussi maquilleur de profession.

J’ai gagné un peu en confiance au fur et à mesure. Je n’avais pas le droit de représenter les vraies personnes du monde de la mode, mais si je faisais vraiment à ma sauce c’était trop étrange pour les scénaristes. Du coup il fallait que je m'inspire de gens, ce qui a donné des recherches Google absurdes, comme "coach en entreprise"… On a beaucoup travaillé à ridiculiser tout le petit monde de l’entreprise et des powerpoints, pas juste le monde de la mode.

A la fin de l’album, il y a quelque chose de plus apaisé dans le dessin, et en même temps le lecteur prend un peu de distance avec les personnages.

Stella Lory : Je pense que cette fin serait une bonne introductionà un volume 2. Au fond ce que les scénaristes ont voulu raconter c'est comment un petit DA avec des idées saugrenues va être écouté jusqu'au bout, quitte à aller très bas dans la qualité, mais aussi comment le monde de la mode repose sur du copinage. Du coup, si la femme d’untel dit qu'il faut travailler avec telle personne, on se fait vite déposséder. Il y a des choses assez cruelles. Je pense que le le lecteur sent qu'on abandonne ses personnages au moment où ceux-ci sont dépossédés. C'est vraiment ce qu'il se passe, et ce serait intéressant de voir ce que devient cette boîte après.

Est-ce qu'une suite est une réalité possible ? Es-tu sur d'autres projets ?

Stella Lory : On n'en a pas encore parlé parce que tout cela est encore très nouveau. On a passé un an intense, ça a été super fort humainement et fatiguant. On a souffert et on a été très heureux ensemble. Et du coup, je pense qu'après digestion on pourra en reparler. Pour ma part, j'aimerais beaucoup et je pense qu'ils ont assez de vécu et d'idées pour faire un deuxième volume.

De mon côté, en attendant, j'aimerais écrire moi-même le scénario pour mes prochaines BD et pourquoi pas des scénarios pour d'autres dessinateurs. Je suis l'assistante de Pierre Christin et comme c'est un être merveilleux, il m'aide et m'apprend le métier. Je l'appelle mon maître jedi. La préface qu’il a faite pour l’album est vraiment chouette d'autant qu'il est plutôt dur. Quand on s'est rencontrés et que je lui ai montré mes dessins, il n'a pas été dans la complaisance : "tu fais des personnages trop moches ce n'est pas possible, les humains ne sont pas tous moches comme ça !" Je lui ai dit : "Pierre, je ne veux pas montrer des personnages beaux". Il m'aide à écrire, à savoir écrire.

Je suis en train d'écrire un article sur "travailler avec Pierre Christin" pour un livre qui va sortir sur lui et j'ai essayé de faire une synthèse de tout ce qu’il m’a appris, mais il est tout en conseils, c'est pour ça qu'il est vraiment un maître jedi. A tout moment, au détour d'une blague, on se prend une illumination. Son conseil principal est de ne pas passer trop de temps avec les pitchs, à essayer de montrer qu'on a une idée super originale : ce qu'il faut, c'est écrire. Il ne veut pas savoir ce que l'on raconte, il veut savoir comment on le raconte. Il me dit : "quand tu bloques sur l'écriture, écris. Tu ne sais pas où tu veux mener tes personnages, mais eux le savent. Ecris au kilomètre et pas forcément à la suite, ce qui compte c'est d'avoir des petites saynètes, que quand on lise on imagine la chose. Ensuite ça viendra tout seul". 

En fait ce qui est formidable avec ce conseil, c'est qu’il est hyper apaisant, on sait que ça va venir, il suffit de se faire confiance. Du coup, quand je n'écris pas toutes les semaines, il m'engueule. On passe du temps à lire, à regarder mes scénarios. Il me dit : "là je le vois, ça s'est déroulé devant mes yeux, ça marche. Par contre, telle scène je ne suis pas sûr que ça fonctionne". Etre l'assistante de Pierre Christin est le meilleur boulot de l'univers. En réalité, ça consiste à 80% à parler de scénarios. Il a un besoin d'écrire constant, même ses cauchemars sont des scénarios.

Je trouve que la planche qui fonctionne le mieux est celle qui montre le défilé avec les journalistes qui arrivent puis repartent.

Stella Lory : Dis-toi que celle-ci elle était telle quelle dans le scénario, avec ces phrases à la Loïc Prigent. Ce ne sont que des choses qu'ils ont vraiment entendues. C'était ma planche d'essai. Je me suis dit : "je vais prendre la plus difficile pour qu'ils me prennent tout de suite".

Le pauvre petit Berlingo tout seul avec son petit déguisement, et tout le monde qui s'en fout… Je pense que ça aussi pourrait être exploité dans un volume 2, le rapport aux journalistes, la cruauté du regard, les défilés qui prennent des jours et des mois, qui épuisent toutes les équipes et qui sont à peine regardés.

Comment se passe la sortie ?

Stella Lory : Je découvre ce que c'est que la dédicace et j'adore. Le premier jour de sortie en librairie j'avais très peur et en fait c'est génial, les gens sont hyper sympa et on a envie de faire connaissance avec tout le monde. La BD est tout de même un monde où les gens sont faciles d'accès. Pour l'instant ça va, je n'ai pas du tout le baby blues, j'ai envie que tout le monde regarde ce bébé et se l'approprie.

Une dernière phrase pour la postérité ?

Stella Lory : Ma punchline préférée de l’album, qui parlera à tous ceux qui connaissent le monde de l’entreprise : "Mais non Berlingo, c'est trop facile de tout rejeter sur le responsable !"

Bonus : cette interview vue par Stella Lory.

 

En savoir plus :
Le site officiel du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême
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Crédits photos : Guillaume Pilla


Anaïs Bon         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
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"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
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"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
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