Monologue dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Mathieu Lindon interprété par Christophe Dellocque dans une mise en scène de Sylvain Maurice. Sous le titre "Je ne me souviens pas", le comédien Christophe Dellocque et le metteur en scène Sylvain Maurice, complices de l'épatant seul en scène "Christophe Dellocque fait sa Sylvie Joly", se retrouvent pour une transposition théâtrale de l'oeuvre éponyme du journaliste et romancier Mathieu Lindon qui ressort à la littérature de l'intime et au registre méta-narratif.
L'opus original constitue un bel exercice de style conçu dans une démarche symétrique et une forme analogue calquées sur celles pratiquées par Georges Perec dans "Je me souviens", ce dernier ayant-lui même "emprunté", et jusqu'à son titre, à celles de l'écrivain américain Joe Brainard.
Ainsi, Mathieu Lindon pratique une anamnèse inversée avec, indique-t-il, l'oubli pour grand objectif, oxymore s'il en est, ne pas se souvenir étant déjà se rappeler, donc s'affranchir de la fonction inéluctable de la mémoire, et ce dans une approche individuelle autocentrée qui correspond à sa volonté de "se circonscrire".
Ces non-souvenirs ou anti-mémoires dispensés sous forme d'une prose rythmée par une anaphore, le lancinant leitmotiv "Je ne me souviens pas", relatent ses réflexions sur l'ennui, la singularité sexuelle, la solitude compensée par une sexualité compulsive entre tapins et backrooms, la fuite du temps, la vieillesse et une résignation acceptée.
Il en résulte une petite forme monologale et un petit format, quarante-cinq minutes environ, portés par le jeu désopilant de Christophe Dellocque. |