Récital de Sapho, arrangements de Sapho et Vicente Almaraz à la guitare flamenca avec Alyss au cajon (percussion)
Une robe noire, une peau blanche, un visage diaphane de princesse florentine, une voix légèrement voilée, un éventail géant posé sur la scène.
Sapho chante Ferré Flamenco et danse la vie avec pour seul décor les lumières qui l'irradient, avec pour seule musique celles des mots, d'une guitare flamenca et d'un cajon, avec pour seul espoir celui de transmettre l'oeuvre de Ferré le libertaire, Ferré le poète qui a su chanter les poètes.
Et c'est avec le flamenco,
cet art ancien et profond à travers lequel les gens du sud de l'Espagne exprimaient leurs sentiments, qu'elle choisit de le chanter.
Sapho chante le Ferré des poètes qui met en musique Verlaine ("Je vous vois encore"), Baudelaire ("L'étranger"), Rimbaud ("Chanson de la plus haute tour") et bien évidemment Aragon ("Il n'aurait fallu", "L'étrangère", "L'affiche rouge" et "Est-ce ainsi que les hommes vivent").
Elle chante Ferré hispanophile avec un triptyque "Le flamenco de Paris", "L'espoir" et "Le bateau espagnol".
Et puis, alors que le public est déjà bouleversé, elle va asséner le coup de grâce, d'un revers de châle, avec les grands classqiues de Ferré et en rendant aussi hommage au parolier et à l'interprète que fût Jean-Roger Caussimon.
Si l'on excepte les chanteuses contemporaines de Ferré, aujourd'hui il n'y a guère que Sapho qui pouvait interpréter "Le temps du tango", "La chambre", "Monsieur William" ou "Comme à Ostende" avec cette force et cette sensibilité.
Elle chante, elle interprète, elle incarne les passions des hommes, le sang des poètes avec une voix inimitable brûlée au soleil andalou.Le silence intense de la salle témoigne de l'attention et de la communion du public.
Elle finit avec un sublime "Avec le temps" dont elle change le dernier vers en le conjuguant à l'affirmatif. Ovation.
En rappel, Sapho revient avec "A celle qui est trop gaie", poème magnifique de Baudelaire, puis un "Avec le temps" en marocain beau à pleurer. Plus qu'un hommage à Léo Ferré, loin d'une sanctification, pour que vivent les poètes...
Les applaudissements auront bien du mal à se tarir...
"Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair." Baudelaire (A celle qui est trop gaie) |