Le peintre et dessinateur Georges Dorignac (1879-1925) a connu, de son vivant, une notoriété éphémère avant de sombrer dans l'oubli muséal jusqu'en 2016 avec l'exposition à la Galerie des Beaux-Arts de Bordeaux dédiée à ses dessins noirs et à ses réalisation dans le domaine des arts appliqués Et en 2019, le Musée de Montmartre prend le relais avec une rétrospective intitulée "Georges Dorignac - Corps et Ames". Conçue sous le commissariat de Marie-Claire Mansencal présidente du Comité Dorignac, et Saskia Ooms, responsable de la conservation du Musée de Montmartre, elle revêt un caractère rétrospectif avec une conséquente sélection, pour partie inédite, de peintures, aquarelles et dessins.
Georges Dorignac, artiste inspiré
Le choix d'une présentation chrono-thématique permet de constater que, en matière picturale, Georges Dorignac, "en quête de signature" comme l'indiquent les commissaires, n'invente pas un style personnel et ne s'inscrit pas dans un mouvement ou une une école car il travaille au gré d'influences éclectiques de l'art égyptien à l'art moderne.
Ainsi en est-il de ses paysages pointillistes et de ses oeuvres d'obédience impressionniste. ET à la manière renoirienne, il peint des portraits délicats et des scène de genre qui exaltent la douceur familiale ("La famille", "Portrait de Georgette" et "Mère et enfant-Le câlin").
Excellent dessinateur qui maîtrise la technique du fusain et de la sanguine et le procédé du monotype, il se distingue surtout par une oeuvre graphique consécutive à une rupture avec la couleur. L'utilisation de la sanguine d'origine minérale est adéquate pour représenter, dans la veine du réalisme social, la figure du travailleur avec les paysans au corps massif de la série des Hâleurs, les ouvriers de la terre, dans le dur labeur des champs.
S'agissant du fusain, par le modelé particulier du trait et la pratique du clair-obscur saturé à l'extrême, les dessins de a "période noire" tendent à la tridimensionnalité de la statuaire, ce qui a retenu l'attention notamment de Rodin. Et ce, notamment avec les portraits-bustes féminins de format carré ("Margot", "Georgette", "L'inconnue","L'Egyptienne", "L'Amie").
Et la monstration comporte également de nombreux nus, nus noirs et nus rouges, avec des nus noirs anatomiques dans des variations de pose, souvent dans une position ramassée ("Etude de nu", "Femme aux pieds et mains jointes", "Femme nue"), ou sur le motif de la femme à la toilette.
Leur spécificité tient au caractère massif et charnu des corps, au visage détourné ou de profil et à l'agencement des volumes qui évoquent le nu picassien quand ils sont réalisés à l'huile telle la "Femme qui s'essuie après le bain".
L'exposition s'achève avec les oeuvres tardives dans le domaine des arts décoratifs et révèlent des aspirations spirituelles qui ressortent au syncrétisme religieux empruntant à diverses époques et croyances du "Mandala" inspiré du rituel bouddhique à l'art roman hybridé avec l'art naïf avec le projet de tapisserie intitulé "L'histoire de Jeanne d'Arc" à la façon du millefleurs. A noter la présentation, dans la chapelle Saint François d'Assise de la Basilique du Sacré Coeur, de la monumentale toile "Le Christ en Croix" élaborée dans le cadre d'un projet de vitrail.
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