Comédie dramatique conçue et mise en scène par Emmanuel Demarcy-Mota d'après l'opus éponyme de Arthur Miller, avec Elodie Bouchez, Serge Maggiani, Sarah Karbasnikoff, Philippe Demarle, Sandra Faure, Jauris Casanova, Lucie Gallo, Jackee Toto, Marie-France Alvarez, Stéphane Krähenbühl, Eléonore Lenne, Gérald Maillet, Grace Seri et Charles-Roger Bour. Emmanuel Demarcy-Mota présente une adaptation d'un des opus majeurs du dramaturge américain Arthur Miller qu'il considère comme "une pièce d’urgence, une œuvre d’engagement politique et social, qui montre comment l’intolérance et l’aveuglement collectif peuvent déchirer une communauté humaine".
Avec "Les Sorcières de Salem", le dramaturge américain retrace, à fin analogique avec la répression des communistes et de leurs sympathisants menée pendant la période de la Guerre froide sur le fondement de "la peur rouge" par la commission sur les activités anti-américaines, la chasse aux sorcières qui, au 17ème siècle, s'est déroulée dans une colonie autarcique et puritaine du Massachusetts.
Le titre original "The Crucible" rend compte des conditions particulières, celle d'une communauté autarcique sous influence d'une religion rigoriste et d'un socle archaïque de croyances et superstitions concourant à analyser des faits comme des phénomènes surnaturels et ériger Satan en bouc-émissaire ontologique.
Tout commence par le "péché de chair" adultérin d'un sieur Proctor (Serge Maggiani) qui se solde par le renvoi sans ménagement, par l'épouse trompée (Sarah Karbasnikoff), de sa complice, la très jeune servante (Elodie Bouchez).
Celle-ci, animée d'un désir de vengeance fait usage de rites vaudous pratiqués par une esclave carabéienne (Marie-France Alvarez) qui, découverts, constitue la première pièce d'un terrible engrenage dans lequel sont précipités des adolescentes hystériques (Grace Seri, Lucie Gallo et Eléonore Lenne), des adultes paranoïaques (Sandra Faure), inconséquents (Charles-Roger Bour) ou instigateurs à des fins personnelles (Stéphane Krähenbühl).
Et la machine s'emballe quasiment en roue libre pour mener au chaos qui ébranle et dépasse tant les autorités religieuses (Gérald Maillet et Philippe Demarle) que l'institution judiciaire (Jackee Toto et Jauris Casanova).
Elaborée sous forme de tableaux arc-boutés sur des scènes de confrontation violente par François Regnault, Julie Peigné et Christophe Lemaire, la partition française se concentre sur l'essentiel que la version scénique de Emmanuel Demarcy-Mota place dans une étrange atmosphère hybridant irrationalité, réalisme et onirisme. Celle-ci résulte de l'esthétique quasi-castellucienne, par son utilisation du rideau de tulle, qui préside à la scénographie réalisée en collaboration avec Yves Collet également concepteur avec Christophe Lemaire des belles et inquiétantes lumières d'outre-tombe. Déployé conformément aux fondamentaux d'Emmanuel Demarcy-Mota qui tiennent au théâtre d'images et au théâtre symboliste, le spectacle est soutenu par le jeu émérite des comédiens unis dans une remarquable choralité. |