"Electronic
jacuzzi was our first album. The songs are the 1999 original
mixes but we changed the tracklisting. Why?...Because !"
A l’heure de son succès planétaire (surtout
en Belgique et dans une moindre mesure dans le reste du monde),
Ghinzu se payait donc le luxe de rééditer
ce premier album quasi-introuvable…Pour d’obscures raisons
sans doute. L’eau avait coulé sous les ponts de Belgique,
et Ghinzu était devenu avec Blow
l’incontournable de la nouvelle scène rock indie. Soit.
Restait donc à exhumer la dépouille de ce premier
album, Electronic Jacuzzi.
Passionnant sur bien des points, la redécouverte de ce
premier album laisse entrevoir la folie en gestation, le silence
avant l’explosion. Comme un tableau tout en esquisses, Electronic
Jacuzzi explique en partie le succès de Blow, tout en restant
singulièrement différent.
Comme souvent avec Ghinzu, tout débute par une ballade,
"Turn up the Satan". Une comptine
pour enfant, une ritournelle tout en douceur, où les influences
de Bach sont déjà visibles (Ces arpèges…),
Ghinzu qui prend forme. Et comme dans toute histoire, le tempo s’emballe.
La rythmique quasi-militaire qui frappe. Fort. "Dolly
Fisher" aurait déjà pu figurer sur la
set list de Blow tant ces compositions remplissent les enceintes.
Un groupe soudé derrière John Stargasm,
à la voix si atypique, ressemblant à s’y méprendre
à celle de Mattew Bellamy, brailleur
du très-nettement-moins-bien-estimé groupe Muse.
Ghinzu aiguise ses gammes.
Electronic Jacuzzi pourrait bien être "The dark side
of Ghinzu", tant le réagencement des titres laisse entendre
une noirceur palpable et présente. Dragon, messe funèbre,
dresse le tableau du groupe en devenir, pour l’instant à
la recherche de ses repères.
"Thoughts behind the scene"
enfonce le clou et assoie la domination du piano sur l’ensemble
de l’album. Les passionnés de "Sweet
love" ou "Sea side friends"
apprécieront. Plus intimiste et pourtant plus expérimentale
("R2D3" et son final nucléaire…),
Electronic Jacuzzi reste avant tout un formidable pied à
l’étrier pour un groupe prêt à galoper
loin des sentiers battus. Pour l’heure, John Stargasm et son
nom de super héros assure l’essentiel, les guitares
et la batterie un cran en dessous.
"Nous étions déjà prêts à
l’époque d’Electronic Jacuzzi" déclarait
John récemment. Des perles comme "Dracula
Cowboy" en attestent, la tension monte comme un speed
mal digéré et "Bingo it’s
heaven" conclut le tour de manège par une longue
descente prog’ très floydienne…
Au final, si "Get up" et
"Revlis" restent absentes
de la réédition sans trop de regrets, pourquoi avoir
éludé "Rotten Star",
sublime moment de furie maîtrisée ? "Parce que"
répondraient sûrement la bande à Ghinzu.
Après tout, on ne peut jamais avoir totalement tort lorsqu’on
est belge…
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