Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Jane Bowles, adaptation et mise en scène de Marie Rémond et Thomas Quillardet, avec Caroline Arrouas, Caroline Darchen, Laurent Ménoret et Marie Rémond. Après leur collaboration sur un scénario de film d'Eric Rohmer pour "Où les coeurs s'éprennent", Marie Rémond et Thomas Quillardet se retrouvent pour "Cataract Valley".
Cet opus résulte de l'adaptation d'une nouvelle de Jane Bowles, romancière américaine peu connue du grand public, avec pour intention, indiquent-ils, de dresser "le portrait sensible de femmes imprévisibles".
Ces femmes constituent un trio sororal, mais contrairement aux soeurs tchekhoviennes, sans affinités électives et sur lesquelles pèse un antécédent psychiatrique, ressortent aux personnages williamsiens désaxés pour le moins névrosés qui n'ont pas résolu leur problème de rapport au monde.
Elles vivent ensemble dans "l'appartement" sans qu'en soit précisé les raisons, ce qui entraîne une promiscuité morbide qui rend hystérique Evy (Caroline Darchen) mariée à un homme ordinaire et borné (Laurent Ménoret).
Harrriett, écorchée vive, (Marie Rémond) somatise en crise nerveuse depuis l'enfance et s'évade régulièrement dans des retraites dans un camp de vacances où elle se travestit en "native" rêvant de liberté. Seule Sadie (Caroline Arrouas) faisant office de bonne à tout faire est angoissée par la dislocation possible de la famille.
Le drame se noue quand Sadie pressentant le départ d'Harriett vient la voir au camp de vacances, lieu reconstitué avec arbres, sol de terre et chute d'eau par le scénographe Matthieu Lorry Dupuy, dont le quasi naturalisme induit cependant un indéfinissable malaise, en raison de l'inquiétante étrangeté de l'artificialité.
La mise en scène conjointe de Marie Rémond et Thomas Quillardet se révèle efficace en terme de direction d'acteur comme l'interprétation du quatuor de comédiens aguerris, avec une mention spéciale pour Caroline Arrouas, pour soutenir une partition qui s'avère aussi exigeante que déconcertante car constituée de scènes élliptiques et peu loquaces, nonobstant l'intervention ponctuelle d'une narratrice en voix-off. |