Curieux
comme chaque livre de Virginie Despentes suscite un débat et souvent
le rejet et la hargne de critiques littéraires de sexe féminin.
Il est vrai qu'un auteur autodidacte né dans un milieu populaire qui
n'écrit pas du Sagan fait tâche dans les ghettos littéraires
des bobos parisiens.
Avec ce recueil de nouvelles, "Mordre au travers"qui porte en exergue une phrase de Kurt Cobain, "I hate myself and I want to die", elle nous emmène bien loin des salons
feutrés et du politiquement et sexuellement correct. Et pourtant...le
monde dépeint par Virginie Despentes existe bel et bien.
Des textes courts, efficaces, rédigés avec une écriture
d'urgence, brute, concise, au fil du rasoir, débordante de désespoir
et d'amour, placées souvent sous le signe du sexe et de la mort parce
que ce sont les seules choses qui restent à celles (car il s'agit essentiellement
de femmes) qui n'ont plus rien ou ne sont plus rien, pour qui l'avenir est d'autant
plus sans espoir qu'elles sont d'une lucidité absolue
Ce sont autant de tranches de vie ou plutôt de non vie : "C'était
plutôt une sale journée mais au moins elle est finie"
ou "Au moins une soirée, profiter ".
Qu'ils soient nés dans la violence et porteurs de mauvais gènes
qui les conduisent à des comportements pathogènes ("Fils
à papa", "A terme", "Comme une bombe"), condamnés
à vivre d'expédients rageurs("Domina"), pour eux il
n'en ait jamais fini des jours de poisse ("Balade"), de l'absence
d'amour qui conduisent au désespoir autodestructeur ("Sale grosse
truie", "Lâcher l'affaire") ou d'un trop plein d'amour
criminel ("Je te veux pour moi", "L'ange est à ses côtés").
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