Une pochette cauchemardesque, un titre éloquent, Fear the windows, et un nom évocateur [1] kilo of black bondage annoncent la couleur. Elle sera noire.
Si certains morceaux semblent plus faciles d'accès, plus musicaux pourrait-on dire, comme "earth multi hop whistlers" qui lorgne du côté du free jazz ou le dubisant "too broken", la tonalité générale nous ramène vers des univers oniriques et obsessionnels fondés sur un certain esthétisme du mal.
Car le trio Some Kilos (de My own), Black Sifichi et Aka-Bondage (de Colder) creusent leur propre sillon dans des terrains peu défrichés du moins dans l'Hexagone.
Déroutant, complexe, à la fois noir et lumineux, Fear the windows ouvre des portes vers des mondes étranges, cérébraux, où l'âme humaine est, pour le moins, tourmentée. Ainsi, dès le premier morceau, "unleash", commence la descente aux enfers, l'enfer glauque et liquide de "Element of crime" de Lars Von Trier.
Le "muhlet" complètement hypnotique et le lancinant "murder CBP" dérivent vers l'univers psychotique de David Lynch alors que "moglobis" plus électrique illustre un monde post-futuriste à la Enki Bilal à la fois baroque et expressionniste qui rappelle celui de "Bunker Palace Hotel".
La voix abyssale de Black Sifichi officie dans un spoken word noir et oppressant qui n'est pas sans rappeler l'hallucinant et cauchemardesque "Europ" de Lars Von Trier avec la voix de Max Von Sydow.
Autant dire que, entre ambient, new-indus, post-rock et expérimentation électro, [1] kilo of black bondage manipule les sons et les mots pour créer des atmosphères très cinétiques pas particulièrement festives dans lesquelles on sombre vite dès la première écoute.
Un opus atypique et addictif fortement recommandé. |