Charlotte Boisselier (Ambeyance) et Marion Camy-Palou (Deeat Palace), musiciennes parisiennes issues de la scène électronique et post-punk, nous ont accordé une interview quelques heures avant leur passage sur scène au festival Terres du son. Ce duo féminin mêle les styles pour produire un son inimitable qui navigue entre techno, électro et cold wave.
Vous mélangez techno, pop, noise. Comment trouvez-vous votre inspiration pour allier vos deux styles ? Et comment arrivez-vous à les conjuguer à vous mettre d'accord ?
Marion : Ça se fait naturellement, on part d'une page blanche et on fait un début comme ça qui va se transformer, Charlotte, elle va travailler le son et le beat et ensuite on rajoute une basse, le matériau qu'on a sous la main et ça se mélange.
Charlotte : On a chacune nos spécialités mais on connait ces esthétiques toutes les deux, et ce sont des genres que l'on aime beaucoup,
Marion : Ce ne sont pas les mêmes matières donc du coup à nous deux on a trouvé un son qui n'est ni complètement celui de Charlotte ni complètement le mien et qui est plein d'entre deux. Il y a un peu de dark, un peu de "cracra", ça se fait un peu naturellement.
On se fait confiance, chacune travaille, mais ce n'est pas évident car quand on propose quelque chose, on s'en remet à l'autre et il faut faire confiance à l'autre.
Vous étiez récemment à Astropolis, un festival de musique électronique. Comment pensez-vous que va être perçue et ressentie votre musique ce soir à un festival plutôt généraliste et familial ?
Marion : Ici, c'est un peu plus généraliste et c'est pour ça qu'on passe en dernier, On va faire la clôture alors qu'à Astropolis on jouait assez tôt. Ici on va toucher un public différent certainement, et ce n'est pas forcément les mêmes jeunes en fonction des festivals, c'est marrant.
Vous arrivez à voir tout cela depuis vos machines ?
Marion : Oui on se balade, on va voir les groupes, on croise les gens et des jeunes qui nous écrivent sur internet ou nous demandent des invits.
Votre collabaration musicale a l'air très fluide et évidente ?
Marion : Quand tu montes un projet à deux c'est qu'il y a un truc, Après comme tous les groupes c'est un travail d'équipe et il y a des difficultés et des remises en question,
Charlotte : Après là où c'est évident et c'est fluide c'est que l'investissement est égal pour chacune de nous, on est des bosseuses!
Notre temps il est dévoué à ça, c'est la priorité et on travaille moins à coté si c'est nécessaire et on est d'accord sur ça.
Vous travaillez ?
Charlotte : Oui on est intermittentes et on a un boulot qui s'adapte très bien à la vie d'artistes.
Marion : Avant je travaillais en restauration les week-ends et j'ai arrêté pour me libérer car on voyait qu'on avait beaucoup de propositions. Le niveau d'investissement est important et l'énergie que tu y mets aussi !
Vous êtes tombées comment dans la musique ?
Marion : Depuis toujours car on a toutes les deux fait de la musique petites, et après l'envie de composer est arrivée à la fin du lycée.
Charlotte : Concernant notre rencontre, Marion avait monté un groupe de pop no-wave il y a quelques années que je suis venue intégrer en tant que musicienne synthés et c'est comme ça qu'on se connait, Du coup on a collaboré sur plein de projets après, pas seulement musicaux mais aussi théâtraux, et on a fini par monter notre projet, c'était assez logique, En fait, on s'est jamais dit qu'on allait faire de la musique ensemble, c'est venu progressivement comme on collaborait de plus en plus souvent,
Marion : Un jour j'ai eu une proposition de performance en dernière minute et j'ai dit à Charlotte : "on la fait toutes les deux !" On a monté un live en duo en un après-midi et tout est parti de là, Je pense qu'il y un truc quand même de plaisir dans le travail, une complicité qu'on n'avait pas eu dans d'autres groupes où ça pouvait être plus compliqué et conflictuel.
Et vous vous voyez comment dans 5 ans ou 6 ans ?
Marion : Oh c'est un peu loin !
Marion : Nous on voit plutot du style 6 mois sur 6 mois, Là on réfléchit à faire un nouveau album qu'on va monter à la fin des festivals d'été quand ça va un peu s'apaiser. On bouge beaucoup, on a encore plein de dates à la rentrée mais on va quand même commencer à travailler très vite sur des nouveaux morceaux. Il faut prendre le temps pour créer et pas jouer toujours les mêmes morceaux, créer ça permet de nourrir le live.
Charlotte : On a des envies de créer cet album et qu'il s'exporte en dehors de la France, on a envie de jouer en Angleterre et en Allemagne.
Marion : Il faut créer son réseau dans chaque pays. On a joué une fois en Suisse et il y a eu d'autres propositions derrière.
Donc de belles perspectives pour la rentrée ! Merci pour toutes ces informations, je suis ravie d'avoir fait votre connaissance et j'attends avec impatience de vous voir tout à l'heure ! |