Née à Madrid, Aroa Moreno Duran est l’auteur de deux biographies, l’une sur Frida Kahlo et l’autre sur Féderico Garcia Lorca. Elle se lance dans un autre style avec De l’autre côté, la vie volée, un premier roman qui se déroule à Berlin du temps de la guerre froide.
Connaissant mon appétence pour les ouvrages ayant une dimension historique, vous imaginez bien que je ne pouvais pas passer à côté de ce court ouvrage, d’une auteure jusque là inconnue à mes yeux. Et même si le sujet de l’ouvrage, le passage de l’Est à l’Ouest du temps du mur, reste non pas banal mais déjà très utilisé dans la littérature comme dans le cinéma, j’ai pris plaisir à lire cet ouvrage tout en découvrant cette auteure espagnole.
Le roman nous raconte l’histoire de Katia, une fille d’émigrés espagnols ayant fuit à Berlin le régime franquiste pour s’installer dans la partie est de la ville. Avec sa sœur Martina, elle partage les élans d’une famille aimante, mais où le silence sur le passé est d’or. En grandissant, Katia voit s’ériger un mur tandis que ses parents refusent de lui expliquer le pourquoi de leur départ.
Dans une librairie, son regard croise un jour celui de Johannes, un jeune homme venu de l’Ouest. Avec sa complicité, à l’insu de tous, munie de faux papiers, Katia passe de l’autre côté. Sans réflechir aux conséquences et dans la précipitation, elle va quitter le monde communiste mais aussi sa sœur et ses parents.
L’ouvrage s’est avéré pour moi doublement intéressant du fait qu’il abordait une double thématique ; celle de la différence entre la partie Ouest et Est de Berlin, des difficultés pour avoir des relations entre les deux parties de la ville mais aussi celle concernant le déracinement qui touche les parents de Katia qui ont du quitter leur pays du jour au lendemain. Au milieu de cette double thématique se trouve Katia en quête d’identité, qui se rendra sur les lieux de ses origines.
Avec un exceptionnel souffle romanesque, l’auteure déroule une histoire intime, étroitement lié à l’histoire européenne. Elle nous livre une fresque magistrale qui n’est pas sans nous rappeler l’atmosphère de film comme La vie des autres et Cold War et un portrait saisissant d’une vie déracinée, d’une vie volée. L’ouvrage est particulièrement émouvant, lié à la plume de l’auteur qui a su nous proposer des personnages particulièrement attachants. |