Spectacle conçu et mis en scène par Emmanuel Meirieu d'après un ouvrage de Svetlana Alexievitch, avec Stéphane Balmino, Evelyne Didi, Xavier Gallais, Anouk Grinberg, Jérôme Kircher, Maud Wyler et André Wilms.
"La Fin de l’homme rouge ou Le Temps du désenchantement" publié en 2014 par la journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch participe, par la compilation de témoignages recueillis à la suite de la chute de l'URSS avec l'effondrement d'une idéologie et le passage brutal au capitalisme, d'une "oeuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque" pour lequel lui a été attribué le Prix Nobel de Littérature 2015.
Sous le titre "La Fin de l'homme rouge", Emmanuel Meirieu en présente un florilège, avec en sus un opus de "La supplication de Tchernobyl" du même auteur , sous forme d'une succession de monologues portant la parole d'anonymes représentatives des situations et typologies et des drames et exactions subis et ou commises pendant la dictature stalinienne.
Celle des convaincus de la première oeuvre qui ont cru en la révolution russe, des anonymes qui ont rêvé d'un destin plus grand qu'eux et tout accepté au nom des lendemains qui chantent, et des générations suivantes embrigadées dès le berceau, soumises à une éducation formatée, à la propagande du "Père des peuples" et au mythe du héros.
Dans un imposant et monumental décor de fin du monde, qu'il a conçu avec Seymour Laval, dans lequel une tempête de sable aurait tout dévasté, sur la scène d'un théâtre délabré ou d'une salle des fêtes abandonnée, avec quelques vidéos d'images d'archives et devant un micro, défilent plusieurs personnages archétypaux des illusions et exactions intervenues pendant la dictature stalinienne.
L'habillage sonore et musical, signé respectivement par Raphaël Guenot et Raphaël Chambouvet, participe à un ensemble démonstratif non exempt de la solennité attachée au théâtre mémoriel.
Ces récits de vie sont placés sous le signe du sensible par Anouk Grinberg, Stéphane Balmino et Maud Wyler, du factuel par André Wilms dans une apparition filmée et Evelyne Didi ou de l'incarnation naturaliste par Jérôme Kircher et Xavier Galais.
Du suicide d'un adolescent à l'agonie d'un "tchernobylien", le constat s'avère terrible et terrifiant.
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